SailorFuku est un jeu de mode où tu incarnes une jeune lycéenne, dans la ville de SailorCity, au Japon.
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    le 30/11/2014 à 16:53

    Présentation
    Modifié le 04/05/2015

       
       

    Ces textes sont des essais que j'ai fait. J'en ferai d'autres, en modifierais peut-être certains, je ne sais pas. Je les mets là par essai. Evidement, si jamais j'en retrouve un autre part qu'ici, je signale. Ils sont ma propriété, mes écrits. Bref. 

    - Je tiens à préciser au passage que les personnages de Emma et de Léa sont purement fictifs. -

    1

    -Léa ?

    -Oui Emma ?

    -Si je te dis que j’ai envie de mourir, qu’est-ce que tu me réponds ?

    -Je te demanderais si ce n’est qu’une envie. Tant que tu ne passes pas à l’acte, tout peut être résolu.

    -Tu n’as pas tort. Et tu me demanderais quand même pourquoi j’ai cette envie ?

    -Bien sûr. D’ailleurs, pourquoi est-ce que tu me poses cette question ?

    -Parce que j’ai envie de mourir.

    -J’imagine bien. Mais alors pourquoi donc ?

    -Je croyais que tu allais me demander si ce n’est qu’une envie ?

    -Je pourrai. Mais à ton regard, à ta question, je sais que tu ne le feras pas. Pour la simple et bonne raison que ce seul questionnaire est un appel au secours, et qu’un appel au secours est la preuve que même si l’envie est proche, le suicide ne se fera pas. Du moins pas tout de suite.

    -Je comprends...

    -Alors, pourquoi ?

    -Parce que je ne trouve rien d’intéressant à ma vie. Parce que je suis inutile, du moins j’en ai l’impression, et parce que je n’en peux plus. Des cours, des informations qui arrivent tous les jours pour annoncer des meurtres, des guerres, des maladies qui dévastent tout. Je n’en peux plus des idiots qui n’ont que ça à faire que d’embêter les autres. Je n’en peux plus de tout. Je n’en peux plus de vivre. Mais tu sais pourquoi je ne suis toujours pas passée à l’acte, et pourquoi je n’en suis toujours qu’au stade d’envie ? Parce que je sais que penser à ça, à mon âge, c’est triste, que j’ai toute ma vie devant moi, et que certains paieraient cher pour la posséder, même si moi j’en souffre. Parce que je sais que je ne suis pas la seule à passer par là, parce que des milliers d’adolescents sont dans la même situation, voire des situations pires, et que ce n’est qu’une crise, un passage. Une fois adulte, on oubliera cette période noire où les idées meurtrières fusent de tous côtés. Ces envies, en voyant les câbles électriques dans la rue : « Tiens, et si il me tombait dessus ? Ça me ferait mourir. Ce serait bien. » Je me dis que me tuer maintenant serait inutile, et qu’il vaut mieux profiter du fait de vivre libre et en bonne santé, du moins pour l’instant. Après tout, j’ai mal maintenant, mais je subirais peut-être, voir même sûrement, des souffrances pires que ça dans le futur, et je résisterai à l’envie d’en finir, alors pourquoi tout gâcher maintenant ? Même si j’ai du mal à m’imaginer un futur possible, peut-être que le mien sera beau, ou du moins un peu moins noir. C’est pour toutes ces raisons que cela ne reste qu’une envie, et non un fait accompli. Car même si je veux mourir, je veux encore découvrir les quelques joies que la vie peut m’offrir.

    -C’est beau ce que tu dis là, tu sais ?  

    -Non. Ce n’est pas beau, c’est la vérité. Et la vérité n’est que rarement belle. J’essaie juste, pour une fois, d’avoir des idées un peu optimistes. Je sais que dans mon cas, c’est rare, alors autant tout tenter, et essayer de se rendre le ciel plus bleu quand ça va un peu mieux. Ou bien simplement quand ça ne va pas du tout.

    -Tu m’épates, tu sais ? Tu te sens faible et inutile, mais en réalité tu es la personne la plus forte que j’ai vue de ma vie. Tu ne vas pas bien, tu pleures tous les soirs, chaque jour est une corvée, et pourtant, tu persiste à vouloir croire en la vie. Ce n’est pas le cas de beaucoup de monde.

    -Et pourtant, la vie, je ne place plus beaucoup d’espoirs dedans. Mais j’ai déjà vu trop de personnes disparaitre ou manquer de disparaitre à cause d’un suicide. J’ai déjà vu les dégâts que cela commet autour. Les dégâts irréparables. Et je ne voudrais pas en causer aussi. Je me dis souvent que j’en ai déjà trop fait. Ce n’est pas la peine de faire souffrir plus les personnes qui me sont chères.

    -Tu as raison. Certains devraient prendre exemple sur toi.

    -Non. Je suis loin d’être un exemple. Cependant, il faudrait que certains posent le regard sur la vie, sur le futur, sur la beauté possible d’un monde, d’une suite un peu meilleure. Même si c’est dur à imaginer, parfois c’est possible. Il faut essayer d’y croire, Léa. Il faut essayer.

    -Toujours. Alors, tu ne le feras pas ?

    -Jamais. Ou du moins pas maintenant. Il reste trop de choses à découvrir. Je veux mourir. Et pourtant, une partie de moi espère vivre. C’est comme ça. Ça ne changera pas. Et tant mieux.

      

    2

    -Dis Emma ?

    -Oui Léa ?

    -Pourquoi est-ce qu’on se force toujours à faire plaisir aux autres ?

    -C’est une bonne question... Peut-être parce que d’une part, on ne veut pas les voir s’inquiéter, ne pas leur causer de soucis, ou de peine ?

    -Sûrement… Mais c’est injuste. Certains ne se dérangent pas, alors pourquoi ne pas faire pareil ?

    -Parce que ce n’est pas dans notre nature, peut-être, tout simplement...

    -Moi, j’en ai marre d’être comme ça. Je voudrais réussir à sortir de ma cage, me libérer, crier sur les autres quand ils m’énervent, pleurer quand j’en ai besoin, me confier quand j’en ai envie. Je ne veux plus rester enfermée comme ça…

    -Rien ne t’empêche de changer, Léa. Tu as le droit de modifier certaines choses dans ton comportement sans que les autres t’en veuillent, tu sais.

    -Oui, mais en même temps… Je ne sais pas, c’est comme si j’en avais peur.

    -Hm, je te comprends. Je suis pareil, après tout. Mais tu verras, ça se libérera de soi-même. Il y a toujours un moment où les barrières s’ouvrent, ou cassent, ça dépend, et où tout déferle, comme une gigantesque vague sur une plage.

    -Mais, Emma, je ne veux pas couler la personne qui se trouve devant moi…

    -Tu sais, si il s’agit d’un ou d’une ami(e), il ne coulera pas, mais te soutiendras, il ne tentera pas de retenir les barrières fermées, mais plutôt d’aider l’eau à s’écouler tranquillement. Et normalement, il s’en sortira indemne. Evidemment, il faut que ce soit quelqu’un en qui tu as confiance.

    -Je ne fais confiance à personne, Emma… A part toi, je n’ai personne…

    -Alors défoule-toi sur moi. Tu sais que tu peux tout me dire.

    -Je le sais. Mais, tu n’as jamais remarqué, que c’est toujours quand les gens disent ça, qu’on a encore moins envie d’en parler ? Je ne te vise pas en particulier, mais souvent, quand on entend quelqu’un prononcer cette phrase : « Je serais toujours là pour toi » ou « Tu peux tout me dire », on se dit qu’en fait, ce n’est pas si sûr que ça… Tu comprends ce que je veux dire ?

    -Parfaitement. C’est toujours plus dur de dire ses sentiments à des amis proches, car on a peur de leur refiler le manque de moral.

    -Exactement. Mais en même temps, on ne va pas se confier à un inconnu… Alors on est censés faire quoi, à ton avis ?

    -Ne parler que quand c’est vraiment nécessaire, et à des personnes en lesquelles tu as placé un minimum de confiance quand même. Ça peut être n’importe qui, du moment que tu le connais, et qu’il ne s’agit pas de quelqu’un qui se fiche de tes problèmes.

    -Mais comment reconnaître ces personnes-là ?

    -Ce sont celles qui sont toujours proches de toi, et qui ne se disputeront pas avec toi pour une raison futile. Tu verras, elles se reconnaissent simplement. Ces personnes-là sont justement celles pour lesquelles on ne se pose pas de questions.

    -Mais parfois il y a des imposteurs…

    -Parfois, évidemment, comme partout. Mais certains sont vraiment là, et le resteront.

    -Comme toi ?

    -Comme moi.

    -Merci…

    -Pourquoi ?

    -Merci d’être là. Sans toi, je serais déjà partie. Je ne sais pas où. Mais je n’aurais jamais tenu seule. Je n’aurais jamais tenu sans ta présence. Alors merci. Simplement merci.


    3

    -Dis Léa ?

    -Oui Emma ?

    -C’est quoi la solitude ?

    -Laquelle ? Il y a plusieurs sortes, de solitudes.

    -Oui c’est vrai… Je ne sais pas, toutes ?

    -C’est long à expliquer… Il y a tout d’abord la solitude, la vraie, dans laquelle tu es parce que tu es vraiment seule, sans famille, sans amis, sans personne. Il y a la solitude mentale, celle qui n’existe que dans ta tête, tu te sens seule, mais en réalité tu es entourée de toutes les personnes qui t’aiment. Celle-là arrive souvent quand quelqu’un te manque…

    -Comme quand on dit « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé » ?

    -Exactement, comme ça. Dans ces cas-là, il faut garder à l’esprit que la personne qui manque, on peut parfois la voir peu de temps après, ou ne serait-ce que lui parler.

    -Mais ce n’est pas toujours possible…

    -Non, c’est vrai, si par exemple la personne habite trop loin, ou même si elle n’est malheureusement plus en état de répondre…

    -N’utilise pas de phrases comme ça. Dis directement « Ou même si elle est morte ». C’est mieux.

    -Oui, pardon. C’est vrai que ce genre de phrases n’est pas utile. Pour en revenir à la solitude…

    -Oui, il y a d’autres formes, de solitude ? A part la réelle et la mentale ?

    -Hm, je pense qu’il y a aussi une forme de solitude « physique ». Quand on a besoin de contact, d’être pris dans les bras de quelqu’un, par exemple. C’est une solitude qui revient un peu à une sorte de « manque ».

    -Mais, tu ne crois pas que toutes les solitudes sont un manque ? Après tout, quand on se sent seul, c’est soit qu’il manque quelqu’un, soit plusieurs personnes, ou je ne sais trop quoi, mais il manque toujours quelque chose, pour faire en sorte que l’on se sente seul.

    -Tu as raison. Et tu sais, je pense que si tu as compris cela, tu as compris la majorité de ce qu’est la solitude.

    -Je pense aussi. Je voulais être sûre, et surtout avoir ton point de vue…

    -Donc tu connaissais quand même déjà la réponse ?

    -Un peu, oui. Mais je voulais être sûre, comme je viens de le dire. Après tout, on a tous une vision des choses différente. Tu as celle que tu viens de m’expliquer, celle que j’avais déjà en tête, qui était un peu semblable, et celle que peuvent avoir les autres. Tu as celle que tu as quand tu te sens seule au moment présent, celle que tu as quand tu viens de t’en sortir, et celle que tu as quand tu ne l’as jamais été.

    -Je pense que personne n’a jamais été seul. D’après moi, ce n’est pas possible, à moins de ne pas avoir de cœur.

    -Oui, c’est vrai. Ne pas avoir de cœur, ou ne pas savoir reconnaitre ce sentiment quand il se montre.

    -Et toi, Emma, tu as déjà été seule ? Ressenti la solitude ?

    -Oui, comme tout le monde.

    -Et c’était quel genre, de solitude ?

    -Pendant un moment, ça a été la première. La solitude totale, réelle. Pendant un autre, plus long et plus récent, ça a plus été la seconde. La mentale. La pire, d’après-moi. Car on se rend compte qu’on a tout ce qu’il faut pour être heureux, mais on n’arrive pas à le prendre, et on s’enferme dans cette tristesse feinte, cette solitude fausse. Je me suis souvent trouvée lâche et faible, pendant cette période-là.

    -Tu crois vraiment que l’on est lâche et faible, quand on se sent seul ?

    -D’un sens, oui. Ou plutôt égoïste. Parce qu’on possède toute la présence possible à nos côtés, mais pourtant, on veut quelqu’un d’autre. C’est idiot, et pourtant, on ne peut pas s’en empêcher.

    -C’est comme ça.

    -Oui. Mais c’est nul. Vraiment nul.

    -De toute façon, être seul, ou se sentir seul, ce n’est jamais bien.

    -Oui. Et c’est pour ça qu’il ne faut pas y penser trop souvent, et rester ouvert au contact, rester ouvert à la « joie » que peuvent apporter des amis, parfois.

    -Exactement. Tu as trouvé toi-même la réponse, ou plutôt la solution à ta question. La solution du problème.

    -Effectivement. Merci de m’avoir éclairée quand même.

    -De rien, Emma. Je suis toujours là pour répondre à tes questions.

    -Et m’empêcher de me sentir seule. Alors merci, Léa. Vraiment.


    4

    -Dis Emma, c’est quoi la douleur ?

    -La douleur, Léa, ce n’est pas quelque chose d’explicable. Tout le monde à sa propre définition, la douleur peut être infinie comme elle peut être futile, elle est souvent inutile, aussi tout autant constructive. La définition de ce mot ne peut pas tenir en une seule page, en une seule courte définition. Elle peut être physique, ou bien morale. Et crois-moi, seulement dans la catégorie « douleur morale », il y a une centaine d’exemples, de définitions, d’impressions et de sentiments différents. De plus tout le monde ne réagit pas pareil à la douleur. Certains l’encaissent, sans le montrer. Certains pleurent à chaudes larmes et ont besoin de se confier. Et certains ne peuvent pas la supporter et finissent par se suicider. Evidemment pas toujours. Mais tout le monde est différent, et tout le monde a des impressions différentes sur ce qu’il ressent, bien qu’étant dans la même situation que quelqu’un de son entourage. 

    La douleur morale est bien pire que la physique.

     [Pas fini.] 


    5

    -Dis Léa, c’est quoi l’égoïsme ?  

     [A faire.] 


    6

    -Dis, Emma…

    -Oui Léa ?

    -D’après toi, qu’est-ce qui est le plus important pour un humain ?

    -Je dirais… Je ne sais pas… L’amour, peut-être ? Pourquoi cette question ?

    -Ah… Je dirais plutôt ses rêves et ses espoirs… Je te demande ça, parce que moi, j’ai perdu les miens.

    -Ce n’est pas possible. Tout le monde à un rêve. Au moins un. C’est ce qui donne un « but » à la vie.

    -Et pourtant, je n’en ai plus. Ils se sont tous comme évaporés. Et je ne suis plus qu’une coquille vide, une morte-vivante.

    -Regarde-toi, Léa. Tu es vivante, pas un zombie.

    -Extérieurement, oui. Intérieurement, c’est différent. Personne ne voit comment c’est, à l’intérieur. Il n’y a que moi. Tu ne peux pas savoir ce qu’il y a dans mon esprit.

    -C’est vrai. Mais je peux essayer de deviner, non ?

    -Deviner, oui. Comprendre, non. Pas tant que tu n’es pas dans cette situation, et je ne te le souhaite pas. Dis-moi, sincèrement. Réponds-moi franchement. As-tu déjà eu cette impression d’être vide, comme si, d’un coup, on t’enlevait tout ce que tu as, tes idées, tes pensées, tes opinions, ton cerveau, pour t’en remettre, totalement différents, inutiles, que tu ne comprends pas. Ça fait un peu ça. Je ne me comprends plus, je n’espère plus rien, je ne crois plus en rien. Je ne veux plus rien, je ne souhaite plus rien, je n’aime plus rien. Je n’ai plus aucune émotion, à part peut-être des larmes, de temps en temps, quand elles acceptent de couler. A part ça, il ne reste rien. Comme si on avait placé une bombe, au centre de mon cœur, ou de mon esprit, je ne sais pas. Mais une bombe qui, quand elle explose, provoque des dégâts quasiment irréparables, douloureux, destructeurs. Ils sont réparables, avec le temps, comme tout. Le temps de refonder un rêve, un espoir, mais un espoir en quoi ? Un rêve basé sur quoi ? Tu vois, c’est ça le problème. Quand tu perds tes rêves et tes espoirs, tu ne sais plus en quoi croire, en quoi rêver. C’est un grand vide, le néant, infini. Et tu ne sais pas comment boucher le trou béant. C’est horrible. Ça fait peur.

    -Mais, Léa, aucune situation n’est « sans rêves, ni espoirs ». Même si cela met du temps, tu verras que tu recommenceras rapidement à retrouver ces sensations, ces sentiments perdus. Aies confiance. Tout vient avec le temps. Il faut simplement y croire. Garde en tête l’espoir d’avoir une vie meilleure. Et bâtis ton monde là-dessus. C’est compliqué, car cela signifie un peu commencer une construction sur « rien », mais une fois la construction commencée, elle ne s’écroule que très rarement. Elle résiste à tous séismes, tous raz-de-marée, toutes éruptions volcaniques.

    -Tu as pourtant dit « Elle ne s’écroule que très rarement »… Le « très rarement » signifie alors qu’il y a quand même des fois où elle s’écroule, ta construction. Pas vrai ? Comment ça peut arriver, si ça résiste à tout ?

    -ça ne résiste simplement pas aux trop forts chocs, parfois. Les rêves et les espoirs que tu avais bâtis avant, se sont écroulés, comme tu dis, n’est-ce pas ? Pourtant, tout est reconstructible. Avec des matériaux différents, des histoires différentes, des méthodes autres. Mais reconstructible. Là, c’est pareil. Et il s’agit justement de la reconstruction que tu dois essayer de faire monter.

    -Je peux la faire monter jusqu’au ciel ?

    -Tu peux. J’ai confiance en toi, tu y arriveras.

    -J’espère que tu as raison…

    -Ne t’inquiète pas pour ça. Moi, j’y crois. Mon espoir, mon rêve, c’est que tu réussisses à bâtir la tour de ta réussite, et que tu sois heureuse un jour enfin. J’y crois, et c’est en te voyant comme ça que je me dis que j’ai raison de ne pas baisser les bras. Tu y arriveras. On y arrivera, toutes les deux.

    -C’est ça, l’entraide. Oui, tu as raison. Il faut y croire. Merci… Encore une fois, merci, Emma. Je ferais en sorte que cet espoir, ce rêve que tu as, ne se brise jamais. Et comme tu l’as dit, j’y arriverais. Grâce à toi, grâce à nous, on se sauvera mutuellement. Merci.

    -Merci à toi…

    -Pourquoi ?

    -Merci d’être là. Et de vouloir défendre ce vœu qui m’est cher. Merci aussi simplement d’être toi. Merci. C’est tout. Encore une fois.

     

    7

    -Dis Léa...

    -Oui Emma ?

    -C'est quoi la peur, d'après toi ?

    -La peur ? Pour moi c'est plusieurs choses à la fois. Enfin je pense que chacun a sa vision propre de la peur. Ceux qui n'ont jamais goûté à la vraie peur ne peuvent pas savoir ce que c'est réellement. Et ils restent sur leur idée que la peur, c'est ce qu'ils ressentent devant un film d'horreur, ou dans une attraction à la fête forraine. Beaucoup confondent adrénaline et peur, d'ailleurs. La peur est un terme assimilé à beaucoup de choses qui ne devraient pas être rapprochées à ce sentiment.

    -Et donc toi, tu penses que la peur c'est bien plus que ça ?

    -Oui. Pour moi, la peur, c'est ce sentiment atroce que quelque chose va arriver, tu l'attends, tu patientes, tu souhaiterais presque qu'il arrive, tellement tu n'en peux plus de cette attente, tu as la boule au ventre, la gorge nouée, et tu attends. Tu ne sais pas quoi, souvent, mais tu attends, parce que tu sais que ça va arriver. Et parfois tu te surprends même à espérer que cela arrive pour pouvoir enfin te soulager, et te dire que tu n'as pas gâché une bonne partie de ta vie, consummée par la peur, à te morfondre alors que ce n'en était pas la peine.

    -Et cette impression, cette situation, tu l'as déjà ressentie ?

    -Oui. Et j'aurais préféré ne pas la connaitre. Enfin quoique. D'un côté, cette expérience m'a construite, mais de l'autre, elle m'a aussi détruite.

    -Mais comment quelque chose peut autant détruire que construire ?

    -C'est simple. L'expérience que j'ai vécue par le biais de cette peur sourde, était un moment horrible, qui m'a fait vivre dans l'angoisse durant des mois. Vivre dans le stress et la panique à chaque coin de rue, à chaque minute, à chaque jour possible, je ne le souhaite à personne. Même à la personne qui m'a fait subir cela. Tu vois ? C'est sur ce point que cela m'a construit. J'ai découvert l'un des pires sentiments que l'on puisse ressentir, ce qui m'a fait me rendre compte que cet enfer, personne ne le mérite. Personne. Même la pire personne de la Terre. Personne. Mais en même temps, traverser cette épreuve m'a bien évidemment détruite moralement. Se rendre compte que l'on se détruit la vie à cause d'une simple chose qu'en temps normal nous pourrions passer facilement fait bien plus mal que tout autre chose. On n'est jamais préparé à un tel affront. C'est dur, et ça fait mal. J'ai traversé les pires mois de ma vie, du moins pour le moment, car je les ai passé dans une profonde dépression, causée par, justement, cette peur infernale. Et une dépression est quelque chose de si dévastateur que je ne souhaite là encore à personne l'idée d'en faire une.

    -Je ne savais même pas que tu en avais fait une...

    -Je ne l'ai dit à personne.

    -Mais, une maladie comme cela, cela se remarque, non ?

    -Il faut croire que non, puisque dans tout mon entourage, personne ne l'a jamais vu. Peut-être aussi parce que je ne voulais pas que les autres le sachent, ou peut-être parce que eux ne voulaient pas accepter la réalité. En tout cas, pour moi, la peur est ce profond sentiment d'insécurité qui nous envahit lorsque l'on perd confiance en tout ce qui nous entoure, cette impression de ne pas être là où il faut, et qu'on est en trop. Après, je pense que les avis changent en fonction des personnes, comme je te l'ai dit tout à l'heure. Chaque personne a sa propre perception de chaque chose.

    -En effet. J'imagine que dans tous les cas, pour pouvoir décrire les choses, il faut les avoir vécues, de toute manière.

    -Je le pense aussi. Et c'est un mal pour un bien, car chaque chose vécue détruit aussi bien qu'elle reconstruit derrière. Il est nécessaire dans la vie, de se fixer des limites avant de les abattre, pour pouvoir avancer, encore et encore, un peu plus loin chaque jour.

    -Pas à pas, vers un avenir construit par ses propres expériences de la vie... Oui, je pense que tu as raison, Emma. Tout à fait raison, encore une fois.

    -Détrompe-toi. Je n'ai pas toujours raison.

    -Je sais bien. Mais tes avis me sont plus précieux que tu ne le penses.

    -Comme les tiens le sont pour moi, Léa, ne l'oublie pas.

     

    8

     

    -Dis Emma ?

    -Oui Léa ?

    -C'est quoi l'amitié ?

    -L'amitié ? C'est ce qui lie deux personnes ensemble très fortement, les rendant complices, attentives l'une de l'autre, et qui fait qu'elles sont toujours là pour s'entraider.

    -C'est proche de l'amour alors, non ?

    -C'en est proche, mais c'est différent. Comme en amour, il y a une sorte de désir de protection de l'autre, et une profonde affection, mais dans le cas de l'amour c'est encore plus fort... Enfin il me semble. Après, une profonde amitié vaut d'après moi beaucoup plus d'un amour banal...

    -Mais comment est-ce que les personnes peuvent être amies à ce point ? 

    -ça, c'est impossible de savoir réellement : chaque amitié est différente, après tout. Deux personnes peuvent être amies parce qu'elles ont beaucoup en commun, mais d'autres peuvent aussi être amies en étant totalement différentes...

    -Et l'amitié garçon/fille, tu y crois ?

     -Bien sûr. S'il peut y avoir des amitiés fille/fille ou gars/gars, je ne vois pas pourquoi une amitié gars/fille serait impossible.

    -Mais beaucoup disent que ça se transforme toujours en amour...

    -C'est faux. Le fait que l'amitié soit forte rend les personnes très complices, ce qui fait que les autres se trompent souvent sur leur compte. Et puis, on pourrait aussi dire qu'une amitié très forte entre deux personnes du même sexe pourrait finir en amour aussi, mais on ne le fait pas, donc il n'y a pas de raison.

    -ça, c'est parce qu'il y a encore beaucoup d'homophobes...

    -Exact, puisque les gens refusent encore de voir certaines réalités, mais sûrement pas que. Enfin, en tout cas, cela fait que si des amitiés entre deux garçons ou deux filles peuvent s'arrêter à ce stade, une amitié entre un garçon et une fille le peut aussi, bien sûr.

    -Je vois. Et alors, en quoi ça consiste, d'être une amie ?

    -En quoi ça consiste ? A être toujours à l'écoute de l'autre, la raisonner, l'aider, quitte à lui balancer certaines de ses vérités si besoin. Une véritable amitié peut largement passer au-dessus de cela.

    -Tu veux dire qu'une amitié réelle est inépuisable ?

    -Oui. Car même s'il y a des hauts et des bas, même s'il y a des éloignements, qu'ils soient psychologiques ou physiques, même s'il n'y a je ne sais quel problème, les personnes reviendront toujours un jour ou l'autre vers elles. C'est ça, une vraie amitié. Une amitié capable de faire face aux tremblements, aux tempêtes, aux orages et aux tornades en tout genre, à tous les raz-de-marée possibles. Oui, deux amies sont celles qui peuvent continuer à aimer l'autre, même après avoir été blessée par elle, je pense. Deux amies sont deux personnes qui savent se pardonner de leurs erreurs mutuelles passées. Et une véritable amie n'est qu'autre que quelqu'un qui t'accepte comme tu es, ne te demanderas jamais de changer. Tu vois, Léa, au fond, une vraie amie est quelqu'un qui n'est pas hypocrite comme les autres, mais qui ne te forcera jamais à devenir un mouton, comme le reste de la société.

    -Je comprends... Alors dis-moi, Emma, nous, on est quoi ?

    -Nous ? Amies. N'oublie jamais que pour moi tu es mon amie, et tu le resteras. Je tiens à toi plus que tu ne peux l'imaginer, et je ne t'abandonnerais jamais, quoi qu'il arrive. Je sais qu'il ne faut pas se précipiter vers l'avenir ainsi, on ne sait jamais ce qui va arriver, mais j'en suis sûre. Je le sais. Notre amitié est plus forte que je ne sais quel obstacle, et elle tiendra longtemps encore. Elle l'a déjà prouvé dans le passé, elle continue de le prouver, et la confiance qu'on a l'une en l'autre montre qu'elle est faite pour résister. J'y crois, et je veux continuer à y croire longtemps encore. C'est pour cette raison aussi que je voulais m'excuser. M'excuser pour tout ce que j'ai pu te dire, te faire, par le passé. Je regrette tellement, si tu savais...

    -Tu n'as pas à t'en excuser, Emma. Une amitié se base sur de la confiance, comme tu viens de le rappeler. Et moi, j'ai confiance en toi, et je t'ai déjà pardonné depuis bien longtemps déjà.

    -Merci Léa. Je ne te remercierais jamais assez pour tout ce que tu as fait pour moi. Et n'oublie pas que je suis là pour toi, moi aussi.

    -Je le sais, Emma. Merci à toi, un grand merci. Tu as raison. Rien ne brisera jamais notre amitié. Rien. J'en ai le préssentiment. Je t'aime Emma. Si fort.

    -Moi aussi Léa. Moi aussi...

     

    -Dis Léa... 

    -Oui Emma ? 

    -Si un ou une de tes proches t'apprenait un jour qu'il ou elle était homosexuel, comment tu réagirais ? 

    -C'est une bonne question... Je pense que ce n'est pas le genre de choses que l'on peut savoir à l'avance. Même si je ne suis pas homophobe, loin de là, je te rassure, je serais sans doute surprise de l'apprendre du jour au lendemain, surtout s'il s'agit de quelqu'un de ma famille ou d'un ami très proche. Pourquoi est-ce que tu me demandes cela ? 

    -Je ne sais pas, je me posais la question. Je connais des gens qui sont totalement homophobes, et que rien ne peut raisonner. Qui prétendent que si jamais leurs enfants, plus tard, leur apprenaient une telle chose, ils les banniraient de leur maison. Je me disais que peut-être leur avis pourrait changer si cela arrivait, mais en même temps... 

    -Ce n'est pas un sujet facile, c'est sûr, et pour des personnes très fermées sur ce point, ce doit être un choc, sans doute. D'un côté, ce serait presque souhaitable que cela leur arrive, ou bien qu'eux-mêmes y soient "confrontés", mais en même temps... 

    -Non, surtout pas, Léa. Imagine ? La situation dans laquelle se retrouveraient leurs enfants ? Un pur enfer... Je ne souhaiterais jamais cela à quelqu'un. Et si c'est eux ? D'un côté cela pourrait au moins leur ouvrir l'esprit. Mais quelqu'un qui refuse réellement de l'accepter... Il deviendrait fou. On ne peut jamais savoir comme quelqu'un réagirait, alors j'imagine qu'il ne vaut mieux rien souhaiter du tout. 

    -Tu as raison. Certains pensent qu'être homosexuel, ou pire, bisexuel, c'est "contre-nature", "hors-norme", que c'est une maladie, que ce n'est que pour le sexe... Mais c'est faux. S'ils pouvaient un jour ouvrir les yeux et se rendre compte de leurs erreurs, voir enfin qu'un amour entre deux hommes ou entre deux femmes, cela peut aussi être de la douceur, des sentiments, tout autant que pour un couple hétérosexuel, se serait super. 

    -Malheureusement, beaucoup ne sont pas prêts à affronter cette réalité. Certains disent qu'il s'agit d'une sorte "d'effet de mode", que, depuis que la loi du mariage pour tous est passée, les gens se prétendent homosexuels pour pouvoir frimer. C'est idiot. C'est simplement qu'ils osent un peu plus facilement se montrer au public, et qu'ils tentent d'abandonner l'idée de rester cachés dans la société. Et puis, qu'est-ce qu'être "contre-nature" ? Qu'est-ce qui, dans ce qui nous entoure, est vraiment 100% naturel ? Rien. Qu'ils expliquent leur théorie, qu'ils tentent de développer avec de meilleurs arguments, peut-être que le débat sera utile. Mais d'ici-là... 

    -D'ici-là, faire un débat à ce sujet signifie parler plus ou moins à un mur. Ce n'est pas intéressant. 

    -C'est vrai. Au final, laissons-les tranquilles, qu'ils soient homophobes, homosexuels, bisexuels ou hétérosexuels. Qu'ils vivent leur vie, et qu'ils la vivent bien. Tant qu'ils sont heureux comme ils sont et qu'ils ne regrettent rien, que faire de plus ? Un monde où tout le monde serait d'accord n'est qu'une utopie, un rêve. Cela n'existera jamais, et peut-être cela vaut-il mieux... 

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