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- moony60
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- Date de création :
- le 19/06/2013 à 12:37
Présentation
CHAPITRE 10
Il y avait écris les numéros de nombreuses personnes de ma classe avec un petit message de ma cousine : « Tiens, pour te faire des amis ! J’ai déjà donné ton numéro à la plupart ! »
Il était donc impossible qu’elle se mêle de ses affaires ? Je rentrai uniquement le numéro de Luis et allumai ensuite mon ordinateur où je me connectai sur facebook. Rares étaient les fois où j’y allai mais avec la rentrée, j’avais sûrement pas mal de demandes d’ajouts. J’acceptai ceux que je connaissais puis regardai les actualités pendant quelques minutes et me déconnectai. Je n’étais pas d’humeur à parler. Ethan avait réussi à me mettre de mauvaise humeur et je n’arrivai à me retirer de la tête l’image de son visage avec son petit air moqueur. La soirée se passa dans l’ambiance la plus calme, ma mère échangeait des regards avec ma tante Chloé tandis que je faisais de même avec Anna. Cette dernière ne mangeait que très peu pour soi disant « conserver sa ligne » comme elle disait. Moi je mangeais lorsque j’avais faim ce qui n’était pas le cas ce jour là. Le repas enfin terminé, je montai dans ma chambre et fit le peu de devoirs que j’avais puis me couchai.
Le lendemain, je me levai d’aussi mauvaise humeur que la veille, n’ayant pas réussi à fermer l’œil de la nuit. Je filai prendre une bonne douche bien chaude puis allais choisir mes vêtements, enroulées dans ma serviette de bain. Je saisissais alors un slim noir avec un t-shirt ample à motifs galaxie. Je me maquillai légèrement et coiffai ma longue chevelure blonde. Chaque matin c’était la même chose, la masse qui me servait de cheveux se transformait en boule de nœuds impossibles à démêler. Je me coiffai en partie et me résolu à me faire un chignon sur le dessus de la tête. Je descendis prendre mon petit déjeuner et remontai me brosser les dents juste avant de partir pour le lycée.
Alors que je venais de sortir de la maison, Anna cria mon nom et couru me rattraper.
- « Je vais faire le chemin avec toi ce matin !
- C’est gentil, merci. »
Je savais pertinemment qu’elle venait uniquement pour Ethan mais je ne lui en fis pas la remarque.
- « Oh tiens, y’a Ethan juste derrière, on l’attend ?
Tiens, comme par hasard, pensai-je.
- Moi, je continue, je vais être en retard sinon. Mais tu peux y aller si tu veux. Dis-je avec mon sourire mensonger que je savais si bien faire.
- Dis pas n’importe quoi, sinon tu vas être toute seule et en plus on est super en avance ! »
Je levai les yeux au ciel tandis qu’Anna faisait de grands signes à Ethan. Je lui faisais alors un regard noir et il me répondit en esquissant un sourire narquois et moqueur à la fois. Je serrai les poings en essayant de contenir ma colère.
Arrivé à notre hauteur, Ethan s’adressa à nous :
- « Salut Anna, salut Cassie, vous allez bien ?
Anna s’empressa de répondre :
- Ouiiiiii ! Ca va super biiiiien ! Hein, Cassie ?
Je marmonnai une sorte de « mouais » insignifiant et me mis en route. Anna engageait la discussion avec Ethan qui n’avait pas vraiment l’air de s’y intéresser et malgré que je le déteste, je ne pouvais m’empêcher de compatir avec lui. On fut très vite arrivés à l’arrêt où le bus s’arrêta quelques minutes après. Je pus enfin me séparer de ma cousine et d’Ethan pour rejoindre Luis. Celui-ci me fit un grand sourire et me fit la bise.
- « Tu vas bien ? me demanda t’il.
- Oui, super !
- Tant mieux. Et ça s’est passé bien hier ?
- Oui.. Enfin…
- Quelque chose ne va pas ?
- Si, tout va très bien… »
Il sourit timidement et tourna la tête. Je ne parlai pas du trajet et lui non plus. Je ne savais pas pourquoi ni comment j’arrivai à mettre en place une atmosphère si tendue à chaque fois que je prenais la parole. Je ne pouvais m‘empêcher de mentir et n’arrivais pas à exprimer mes sentiments. J’avais l’impression que ça me rendait vulnérable et que si je le faisais, il ne me restait plus rien pour moi. J’avais parfois envie de les dire, de tout crier mais c’était impossible. Je ne pouvais pas. C’était à la fois trop dur et tellement facile. Une barrière ou comme une sorte de limite invisible m’empêchait de le faire. Alors je m’en contentais et gardais tout pour moi, comme je l’avais toujours fais. Rester seule était tellement plus simple. L’amitié et l’amour étaient bien trop compliqués pour moi, et m’effrayaient d’avantage. Ils n’existaient pas sans la jalousie, la colère, la haine et le mépris.
On ne tardait pas à arriver au lycée où je partis sans même attendre Luis. Je n’avais pas envie de parler tout simplement parce que je n’y arrivais pas. Je passais les deux premières heures dans le silence le plus total sans jamais prononcer un mot. A la pause, je sortais et m’allongeais sur la pelouse du lycée. Je mettais mes écouteurs et fermait les yeux. Une voix s’approcha en s’écriant :
- « J’étais sûr que je te trouverais ici !
CHAPITRE 11
C’était Luis.
- Tu me cherchais ?
- Oui, j’ai personne de qui d’autre avec qui rester, et je n’aime pas être seul.
- Moi, oui. Je crois que tu devrais te faire d’autres amis, je préfère être seule, c’est moins compliqué qu’avoir des amis.
- Ne dis pas n’importe quoi !
- C’est simplement ce que je pense.
- Quand je t’entends, j’ai l’impression de parler à une… dépressive ? On dit comme ça ?
Je souriais.
- Oui, on dit comme ça. » Répondis-je en me retenant de rire.
On restait quelques minutes dans le silence, puis il reprit la parole :
- Pourquoi tu rends tout si compliqué ? L’amitié c’est simple, si tu aimes une personne et que cette personne t’aime, vous êtes amis. Si tu ne l’aimes plus, tu ne lui parles plus. Si tu aimes passer du temps avec elle, tu passes du temps avec elle. Si elle te manque, tu lui envoies un message. C’est tout.
On est amis nous ? Parce que moi, je t’aime bien et je sais que toi tu as besoin d’aide et je serai là même si ça ne fait pas longtemps parce que tu es gentille. Je sais que j’ai l’air de débile parce que je ne parle pas bien français mais je suis comme toi… en moins compliqué !
- Non, t’es pas débile mais t’es tellement différent, c’est bizarre. Pour toi, tout est simple même quand ça ne l’est pas. On se connaît à peine et pourtant ça ne te gêne pas de venir me voir, de lire mes messages, tu n’as pas peur de ce que je vais penser… Bien sûr, ça ne me gêne pas mais tu vois, faire ça, j’en serais incapable.
- Si quelque chose ne plaît pas à une personne, elle te dit alors pas besoin d’avoir peur de ce qu’elle pense.
- Au fond, c’est peut être toi qui a raison…
- C’est sûr que j’ai raison ! Maintenant, redresses-toi et souris ! Et il faut qu’on parle d’autre chose parce que ça devient trop déprimant ! » dit-il le sourire collé au lèvres.
Je souriais à mon tour et me relevais pour m’asseoir en tailleur. J’entendis au loin la sonnerie retentir et me levais suivie par Luis.
C’était bien beau de positiver, mais là j’avais histoire, cours où j’étais placée à côté d’Hugo ce qui me déprimait d’avance. Je ne savais pas ce qu’il avait contre moi mais la veille, il s’était énervé sans raison alors que je ne le connaissais à peine. Après tout, c’était pas plus mal, je n’avais plus à lui parler. Enfin, c’est ce que je croyais.
Quand j’entrai dans la salle, Hugo était déjà installé et je le rejoignis dans le silence le plus total. Il s’approcha doucement pour me faire la bise et je reculais d’incompréhension. Me voyant réagir comme ça, il fit exactement la même expression que moi et râla une fois de plus.
- « Qu’est ce qu’il y’a ? Tu me fais la gueule, c’est ça ?
- Je sais pas, je croyais qu’on ne se parlait pas…
- À cause de l’autre jour ? Je vais pas t’en vouloir toute ma vie non plus.
- Mais… On se connaît même pas Hugo ! J’ai fais ta connaissance hier et t’as trouvé le moyen de me faire la gueule et de me pardonner en si peu de temps ?
- Cherche pas, je suis comme ça ! »
Je m’asseyais un peu perturbée et repensai à ce que m’avait dis Luis. Est ce que j’aimais bien Hugo ? Je ne pouvais pas vraiment répondre à cette question, après tout, je ne le connaissais pas tellement.
En seulement une heure, il réussit à me faire rire et à me faire oublier tout ce qui me perturbait jusqu’à présent. Vers la fin du cours, il me dit comme s’il avait eu une révélation :
- « Cassie !
- Oui ?
- Il faut absolument que je te présente quelqu’un, tu vas l’adorer ! »
Dès que la sonnerie se fit entendre, il me prit par le bras et m’entraîna dans les couloirs tout en composant un numéro sur son téléphone.
- « Allô ? Oui, t’es où ? Ouais bon, on es retrouve là bas alors ! Pourquoi ? Bah parce que c’est important ! Allez, à plus ! »
Je ne comprenais rien à ce qu’il se passait mais bizarrement, ça ne me dérangeais pas plus que ça.
Au bout de quelques minutes de courses, on s’arrêta. Je levais le regard et découvris une fille assise seule sur un banc. Hugo s’avança en me tenant par la main et fit les présentations.
- « Cassie, je te présente Agathe, ma cousine et Agathe, voici Cassie. »
Je me contentais de lui sourire tandis que je scrutais chaque minuscule détail de son apparence. Elle était de taille moyenne, j’aurai dit 1 mètre 70 car elle me semblait plus grande que moi mais plus petite qu’Anna. Ses yeux étaient d’un magnifique bleu clair penchant vers le gris. Quant à ses cheveux, c’était eux qui faisaient toute sa beauté. D’un magnifique roux éclatant, ils tombaient en cascade sur ses épaules menues. Les traits de son visage étaient plutôt fins, et d’un regard innocent, elle tourna la tête vers moi.
CHAPITRE 12
- « Enchanté. » dit-elle d’un ton glacial avant de se replonger dans son livre.
Je tournai la tête vers Hugo en me demandant dans quoi il m’entraînait.
Il toussota et prit la parole.
- « Je te présente Cassie car je pense que tu vas bien t’entendre avec elle.
- Si tu le dit. »
Il me regardait en se pinçant les lèvres, aussi gêné que moi.
- « Allez, arrêtes de faire ton asociale, elle est pas comme mes autres amies si tu vois ce que je veux dire.
- Ca mettra pas longtemps à se vérifier.
Elle se tourna vers moi et me regarda de haut en bas.
- Bon, on mange ensemble, on verra bien quel genre de personne tu es !
Hugo se tourna à son tour vers moi :
- T’assures Agathe ! Allez je vous laisse ! »
Hugo partit en me laissant avec sa cousine plutôt désagréable. Une fois qu’il fut éloigné, elle ferma son livre et me sourit.
- « Finalement, t’as pas l’air comme les autres sinon t’aurais déjà couru après lui en criant son nom désespérément. Tu me trouves méchante, c’est ça ? Si tu savais toutes les filles qu’il m’a ramené, c’est toujours la même chose. À force j’ai l’œil pour repérer les sans-cervelles des autres même si je n’en ai jamais vu ayant un minimum de capacités intellectuelles. Donc toi t’es Cassie ? C’est franchement bizarre comme prénom, mais j’aime bien. J’adore ton look, d’ailleurs c’est grâce à ça que j’ai accepté de manger avec toi, parce que pour l’instant, c’est la seule chose qui me certifie que t’es pas une idiote. Enfin bref, je parle je parle mais je sais rien sur toi.
Elle me fixait en attendant une réponse.
- J’ai faim, ça te dit pas qu’on parle tout en mangeant un bout ?
- Allez, ça marche ! »
Elle se levait et je l’emmenai à la cafèt’ du lycée où on se commanda un sandwich chacune. Une fois confortablement installées, j’entamai ma présentation.
- « Bah comme tu le sais je m’appelle Cassie, j’ai 16 ans et c’est tout en fait.
- C’est tout ?
- Bah ouais, le reste c’est pas vraiment intéressant.
- Ca m’intéresse.
J’entamai donc un discours sans même essayer de cacher mes sentiments.
- Si tu le dit mais tu vas vite le regretter. Je vis chez ma tante avec ma cousine qui est genre… Hyper superficielle ? Ouais, c’est ça. Je ne vois jamais mon père mais ça me gêne pas plus que ça, je le connais à peine en fait. J’ai aucune motivation dans la vie et rien ne m’y rattache. J’ai perdu la plupart de mes amis cette année et je suis dans une classe constituée uniquement de personnes populaires qui ne se fient qu’au physique. A part un mec, il s’appelle Luis et il vient de Suède. Il est genre, super sympa, mais vraiment ! Il se casse pas la tête et je le connais depuis pas longtemps mais c’est la première fois que je rencontre quelqu’un comme lui. Il est tellement différent. D’habitude, je parle pas autant, c’est bizarre. Enfin bon, c’est pas plus mal. Mon plus gros défaut ou ma plus grande qualité c’est justement ça, je m’ouvre pas trop aux autres et c’est rare que je dise ce que je ressens vraiment. Mais bon, avec toi, j’ai rien à perdre, tu ne connais personne de qui je parle et si ça se trouve, on se reverra même pas.
Bon, bah, voilà, c’est à ça que se résume ma vie.
- J’t’aime bien toi en fait.
Elle esquissa un léger sourire en coin.
Moi, c’est pareil, Hugo se fatigue à me trouver des amies pour être un peu comme les autres mais je préfère être ce que je suis. »
On discutait durant toute la pause déjeuner jusqu’à qu’Hugo vienne me chercher, presque étonné de nous voir si à l’aise.
- « Cassie, tu vi… Ah je vous dérange ?
- Bah ouais un peu, quoi. Répondit Agathe d’un ton ironique avec tout de même un fond de vérité.
- Bon, bah j’y vais si c…
- Mais noon, récupère la si t’as envie, on se reverra une autre fois Cassie et moi ! »
Il esquissa un léger sourire tandis que je disais au revoir à Agathe.
Une fois éloignés d’elle, il me posa tout un tas de questions auxquelles je n’avais même pas le temps de répondre.
- « Alors, vous vous entendez bien en fait ? J’ai eu peur quand je t’ai laissé parce qu’elle a pas été cool au début tu trouves pas ? Enfin bref, maintenant, vous vous connaissez un peu non ? Et tu l’aimes bien au fait ? Parce que c’est quand même le plus important, enfin je veux dire que si tu l’aimes pas il faut le dire, ok ? Je sais qu’elle est spéciale et…
- T’inquiète pas Hugo, tout va bien ! dis-je en essayant qu’il se calme.
Il lâcha un petit rire et ajouta :
- Ouais, désolé… Juste un truc…
- Oui ?
A cet instant il me posa une question qui me surprit un peu.
CHAPITRE 13
- « Tu sais, c’est moi qui te l’ai fait rencontrer parce que t’étais toute seule et c’était pas cool mais même si vous vous entendez bien, tu me laisseras pas tomber, hein ? T’oublies pas que c’est grâce à moi…
Je souriais en fronçant les sourcils, surprise de sa réaction.
- Il faut pas t’inquiéter, tu sais j’ai juste discuté avec elle pendant une heure et rien me dit qu’on va s’entendre et puis tu sais que je suis…
Il me fixait en attendant une seule et unique réponse que je n’avais à présent pas dite. Je soupirai en souriant.
- Oui Hugo, je te laisse pas tomber.
Il afficha un grand sourire tandis que je marmonnai à voix basse :
- Et puis je te connais à peine, faut te calmer aussi, hein.. »
Il était tellement heureux que j’ai rencontré sa cousine qu’il n’entendit même pas ce que je disais. On repartit pour 3h de cours, puisque je finissais à 16h30.
Ayant un peu plus de temps ce soir là, je décidai de passer par un autre chemin et m’arrêtai sur un banc. Je fermai les yeux, me laissant bercer par la chaleur du soleil et le chant des oiseaux. La musique dans les oreilles, je ne mis pas longtemps à m’endormir, me réveillant quelques heures plus tard, alors qu’il faisait déjà nuit. Puisqu’on était presque en novembre, il ne fallait pas attendre longtemps pour être plongé dans un épais voile nocturne. Je me levais, affolée, alors qu’il ne devait être qu’à peine 19h. Je voulu le vérifier à l’aide de mon portable mais il n’avait malheureusement plus de batterie. De là où j’étais, je savais que je pouvais rapidement rentrer chez moi par le raccourci d’un long chemin en terre entouré par des arbres et longeant un muret. Je m’avançais en la direction du raccourci, guidée par les vieux lampadaires qui éclairaient faiblement mon chemin. Arrivée à cette voie en terre, il n’y avait à présent plus d’éclairage, et, prenant mon courage à deux mains, je m’engouffrais dans ce long tunnel terrifiant. Il ne se passait pas une seconde sans que je ne me retourne pour vérifier si j’étais suivie. J’avançais petit à petit mais alors que j’avais la tête retournée, je me cognais à quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Mon cœur s’arrêta et je levai la tête, pétrifiée. Je vis la silhouette d’un homme, et devant réagir, j’eu le réflex de lui donner un coup de genou ou je pouvais qui le fit se plier en deux dans un bruit sourd. Je fis demi-tour pour partir en courant mais ce dernier m’attrapa le bras. Je me débattais comme je pouvais, tandis que toujours plié, l’homme persistait à me tenir fermement le bras. Mon cœur battait la chamade et je ne réalisai pas ce qu’il m’arrivait. Je regrettai d’être allé à cet endroit, de m’être endormie sur ce banc, d’avoir voulu prendre ce raccourci, et d’être tombée sur cette personne. Tout se passait très vite mais au ralenti dans ma tête. Quelques secondes après mon coup de genou, l’homme me tira sur le bras pour me mettre face à lui et à la vue de mon visage, il recula brusquement, se redressant peu à peu. Il sortit un objet lumineux de sa poche, semblant être son téléphone et m’éclaira le visage. J’étais figée, horrifiée, pétrifiée, terrifiée, n’importe quel adjectif conviendrait. Je ne bougeais pas et me croyais dans un film d’horreur. À peine une seconde après m’avoir éclairé, l’homme s’écria :
- « Cassie ?! »
J’en concluais qu’il me connaissait mais qu’il n’avait pas fais exprès de me rencontrer puisqu’il semblait surpris de me voir. Ca aurait pu me rassurer mais ça ne suffisait pas, j’ignorais toujours l’identité de cet homme et cela suffisait à me paralyser. Je ne réfléchissais pas une seconde et lui redonnais un coup de genou avec un peu plus d’intensité avant de partir en courant. Cette fois ci, j’étais allée tout droit, finissant de traverser le sombre chemin en terre avant de rentrer chez moi. Je ne regardai pas autour de moi, de peur d’être encore plus terrifiée et ouvris violemment la porte avant de la refermer de la même manière en m’adossant sur celle-ci. J’étais à bout de souffle et surtout au bord des larmes. Je montais directement dans ma chambre et restai enfermée sans même descendre dîner. Je prétextai d’avoir trop de travail et ma mère me laissa tranquille. Le lendemain, je me levai avec difficulté, n’ayant pas trouvé le sommeil de la nuit. Je me demandai si j’allai recroiser l’homme de la veille, s’il allait chercher à me suivre, s’il voudrait se venger, si il n’avait lui non plus rien compris à ce qu’il s’était passé et surtout qui pouvait-il être. Sur toutes ces questions, je me préparai et partit en cours.
La première heure de cours me parut banale et monotone comparée aux évènements que je venais de vivre et ce n’est qu’à la pause que quelque chose d’intéressant se produisit.
CHAPITRE 14
En effet, ce soir là, je revoyais pour la deuxième fois Agathe. Comme la première fois, il ne me fallut que peu de temps pour m’ouvrir à elle et lui raconter ce que j’avais sur le cœur. Je ne savais comment elle s’y prenait mais c’était la seule personne avec qui j’avais réussi à m’ouvrir en si peu de temps jusqu’à présent. Je lui racontais donc mes périples de la veille et sa réaction me surpris un peu.
- « C’est bizarre, j’ai une impression de déjà vu. Je sais plus qui mais je suis persuadée que quelqu’un m’a parlé d’une histoire semblable pas plus tôt que ce matin… Ah ça m’énerve, je parviens pas à me rappeler ! »
Tout d’abord, je fus surprise d’une telle coïncidence, puis réfléchis et me dit, qu’il n’y avait aucun doûte que je connaisse cette personne et que ça ne pouvais être autre qu’une connaissance d’Agathe. C’est là que ça se compliqua un peu, la seule personne qu’on avait en commun était Hugo, c’est donc lui que j’aurai agressé ? Dans tous les cas il fallait que je lui en parle, et ceci le plus rapidement possible.
Sans me poser de questions, je traversais les couloirs à sa recherche mais ne le trouvai pas. Ca me parut normal lorsque j’appris quelques minutes plus tard qu’il était absent aujourd’hui car il était malade. Je soupirai et me résolu à devoir attendre pour avoir une réponse à ce mystère. Ce jour là, je passai la journée avec Agathe, et les jours suivirent, tandis qu’Hugo était toujours absent. J’avais pris de ses nouvelles mais n’avais pas osé l’embêter avec mon histoire car il avait vraiment l’air mal en point.
Aujourd’hui, c’était vendredi. Il était exactement 12h32 et j’étais sur la pelouse du lycée accompagnée d’Agathe et de Luis avec qui je passai la plupart de mon temps. Alors que je mangeais tranquillement mon sandwich, je vis au loin Emilie ainsi que ses amis Flore et Jules. Ca faisait plusieurs semaines que nous ne nous étions pas vu et elle n’avait jamais répondu à mes messages depuis. Je la fixai intensément et lorsqu’elle croisa mon regard, elle baissa les yeux. Notre amitié était terminée et ça faisait un moment que je m’en doutais. Il ne me restait que mes nouvelles rencontres et ma famille. Je me sentais bien seule en regardant tous ces gens qui parlaient, s’amusaient, riaient et s’échangeaient des regards complices.
Je tournai la tête vers Agathe et Luis qui me firent de grands sourires. C’était eux mes nouveaux amis et je me dis que j’aurai pu trouver pire. Je souris à mon tour et lançai un sujet de discussion.
Les heures défilèrent et la fin de journée arriva rapidement. Tout se passait comme d’habitude, le train-train quotidien accompagné de la constante banalité et monotonie de mes journées. Ce rythme si répétitif se brisa à 17h48 exactement, lorsque je reçu un message alors que j’étais tranquillement allongée sur mon lit. Je déverrouillai mon portable et lu ce fameux message provenant d’un numéro inconnu : « Rendez-vous à 18h30 au parc. » Je m’empressai de demander l’identité du rédacteur de ce message anonyme mais ceci fut sans réponse.
Je me demandai si je devais vraiment y aller, n’étais-ce pas risqué ? Après tout, c’était la chose que j’attendais pour enfin me changer de mon quotidien et sans réfléchir, aux alentours de 18h25 je me mis en route. Je prétextai à ma mère que j’allai retrouver ma nouvelle amie Agathe et elle me laissa partir, confiante.
À la moitié du chemin, je réalisai qu’il me fallait passer par l’illustre chemin qui m’avait tant perturbé il y a de ça quelques jours. J’hésitai un instant avant de m’y engouffrer. Il était déjà 18h35, peut être que la personne qui m’attendait était déjà partie. Ou alors m’attendait-elle patiemment. Il faisait déjà nuit et ce chemin me terrifiait autant si ce n’est plus que la dernière fois. Sans me poser de questions, j’y pénétrai et le traversai en courant jusqu’à que j’encontre un obstacle. Encore. La même scène se reproduisit : mon cœur s’emballa, mon sang se glaça et je me paralysai sur place. J’entendis une voix me dire « Ah, te voilà ! » mais plus calmement que l’autre jour cette fois ci. L’inconnu me tira jusqu’à sortir de ce tunnel végétal tandis que je tremblais comme une feuille. Je n’eu pas le courage de me débattre, pas cette fois ci. Je me laissai mourir dans ce que je croyais être un piège et ce n’est qu’à la sortie que je découvris le visage de l’inconnu éclairé par la lune.
CHAPITRE 15
Aucun son ne sortit de ma bouche malgré que l’envie ne me manquait pas. Je n’avais qu’une envie : lui crier à la figure pour m’avoir causé une peur pareille, surtout lui. La rage montait en moi précédée par l’incompréhension. Mais qu’est ce qu’il avait dans la tête, pensai-je en fronçant mes sourcils. Quelques secondes passèrent et je pu enfin articuler un mot :
- « E… Ethan !
- Oui, c’est moi.
- Je… Qu’est ce qu’il t’a pris, pourquoi toi ? Pourquoi ça ? Je comprends rien, je te comprends pas et j’ai pas envie de comprendre !
- C’est bien dommage, j’allai justement tout t’expliquer. » dit-il en me montrant de m’asseoir sur le banc à nos côtés. Je le fis sans hésiter, mes jambes flageolant pressée sous le poids de mon corps engourdi.
- « J’en déduis que tu veux savoir, bon… Par où commencer ? T’as qu’à me poser des questions et j’y répondrai.
- J’ai déjà essayé l’autre fois, et tu ne réponds jamais.
- Bah essaie encore.
Je soupirai et vidai mon sac par la même occasion :
- Pourquoi t’es comme ça ? Enfin, je veux dire pourquoi t’es bizarre, méchant, et mystérieux à la fois ? Pourquoi tu me fais ça à moi et pas à quelqu’un d’autre ? Pourq…
- Eh, attends, une seule à la fois ! Alors, je sais pas pourquoi je suis comme ça, tu m’en poses des questions toi aussi… Je te demande pas pourquoi t’es comme ça moi ! Ensuite je t’ai absolument rien fais, je vois pas de quoi tu parles.
- Pourquoi tu m’as donné rendez-vous alors que tu me détestes et pourquoi t’es venu me faire peur ?
- Déjà je te détestes pas et ensuite si je dois répondre à cette question, ça va devenir compliqué, t’es sûre que tu veux savoir ?
Je faisais signe de la tête.
- Bon, tout a commencé l’autre jour. J’avais rendez-vous de l’autre côté de la ville et le petit chemin en terre est un raccourci donc j’y suis allé et puis moi j’ai pas peur des inconnus, enfin pas comme toi on va dire. Ensuite, à la moitié du chemin je me suis cogné à toi. Là, tu m’as donné un super coup de genou, et je peux t’assurer que tu vises plutôt bien. Du coup, je me suis demandé qui c’était pour être aussi agressive, oui, agressive parce que j’avais vu que t’étais une fille, j’avais donc pas trop de soucis à me faire. Je t’ai éclairé avec mon portable et là j’ai vu que c’était toi. Et comme une conne, je sais même pas pourquoi, tu m’as redonné un coup de pied comme si j’avais déjà pas assez mal. Alors je t’ai laissé partir comme une dératée et finalement je suis même pas allé mon rendez-vous. J’avais trop mal en plus, tu m’as pas raté ! Bon du coup j’ai pas osé te le dire au lycée parce que déjà que tu me détestes et que tu m’avais donné deux coups de genou, j’avais pas envie que tu recommences. Donc je t’ai donné rendez-vous ici parce que j’aime bien cet endroit, c’est calme. Enfin, façon de parler parce que quand t’es là, le chemin, il est un peu périlleux on va dire. Donc vers 18h40, j’ai vu que t’étais pas là et je me suis dis que tu t’étais pissé dessus en lisant mon message et que t’allais pas venir. Finalement je suis tombé sur toi et je t’ai tout de suite reconnu. Y’a que toi pour être conne au point de courir comme une tarée en espérant croiser personne. Enfin voilà quoi. Et pour ton numéro, penses pas que je t’ai couru après pour l’avoir, c’est juste ta cousine qui me l’a filé à la rentrée parce que t’es pas assez maligne pour te faire des amis toute seule. Bon bah j’ai fini je crois, quelque chose à redire ? »
Je restai bouche bée. J’avais failli intervenir à plusieurs reprises mais aucun mot ne sortait de ma bouche. Je n’avais plus aucunes questions à lui poser, il m’avait tout dis. La seule chose qui me venait à l’esprit est qu’il était irrémédiablement et incontestablement le mec le plus étrange que je n’avais jamais rencontré. Il arrivait à lire dans mes pensées et me manipulait comme un chat jouant avec une pelote de laine. Je n’étais plus rien face à lui. Il avait beau m’insulter, je restai là à attendre qu’il reprenne la parole. J’avais beau le détester, j’avais besoin d’essayer de le comprendre.
D’un air fier et arrogant, il ajouta :
- « Bah alors, tu sais plus quoi dire ? Je sais pas moi, tu pourrais au moins t’excuser pour m’avoir frappé.
Soudain je me réveillai comme si j’étais plongée jusqu’à présent dans un rêve, comme si je venais de sortir de l’eau pour prendre une respiration et ma colère à son égard repris le dessus.
CHAPITRE 16
- Et puis quoi encore, que je m’excuse, c’est ça ? C’est toi qui m’a fait peur dans le chemin, c’est toi qui m’a tenu le bras et c’est toi qui m’a demandé de venir jusqu’ici pour au final me faire peur encore une fois !
- Mais t’as rien écouté ou quoi ?
- Si j’ai écouté, mais ça change pas de ce qu’il s’est passé !
- Je sais pas comment c’est possible d’être aussi têtue que toi. Je me fait chier à venir parler à une fille comme toi pour pas que tu crois que t’es poursuivi par un serial killer parce que je suis sûr que t’y a songé au moins une fois à ça, et puis toi, là, tu trouves rien de mieux à faire que de m’engueuler, encore ? Quand je pense que là je pourrais être tranquillement à une soirée entouré par des tonnes de filles canons mais non je suis avec une pauvre fille qui a rien pour elle, même pas d’amis et qui en plus m’engueule !
- Et bien vas-y à ta fête ! Eclate toi avec ces filles sans cervelles, de toute façon tu vaux pas mieux qu’elle !
- Pauvre conne, va. » dit-il en se levant du banc.
Je fis de même et parti de mon côté pour rentrer chez moi tandis qu’il prenait un autre chemin.
Je ne pouvais m’empêcher de frémir en traversant le tunnel d’arbres et fut soulagée une fois arrivée chez ma tante. J’avais perdu je ne sais combien de temps pour ce type orgueilleux et arrogant mais au moins, je savais ce qu’il s’était passé et j’étais moins inquiète.
Le lendemain, Agathe m’appela pour qu’on aille rendre visite à Hugo qui était encore malade. Je ronchonnai un peu et me préparai finalement. L’hiver se faisait sentir, et la brise glacée du matin me décida à enfiler une écharpe. J’en avais également profité pour prendre les cours qu’il avait manqué même si je doutais que ça l’intéressait vraiment. Quelques minutes plus tard, Agathe m’attendait devant le portail de chez moi et on partit toute les deux en direction de chez son cousin. Une vingtaine de minutes plus tard, on était arrivée et heureusement car mes doigts commençaient à se geler. J’entrai timidement dans la maison en suivant Agathe qui semblait connaître le chemin par cœur.
- « Tu crois qu’on a le droit d’entrer comme ça ?
- Mais bien sûr, c’est chez ma tante ici je te rappelle et puis il y a que Hugo à la maison aujourd’hui, je l’ai prévenu de laisser la porte ouverte pour que je puisse entrer.
- Il sait que je viens au moins ?
- Maaais oui ! »
On monta à l’étage et Agathe ouvrait la troisième porte à droite sans même prendre la peine de toquer.
Hugo dormait encore et on ne put s’empêcher de glousser en le voyant submergé par un îlot de mouchoirs usagés. Sa chambre était un véritable bordel et il était difficile de marcher jusqu’à son lit sans écraser ses affaires. Sans le moindre gêne, Agathe s’affala sur le canapé d’Hugo et saisi une BD. Elle me fit signe de faire de même et replongea dans sa lecture. Je cherchai donc des yeux un endroit où m’asseoir qui ne serait pas recouvert de vêtements ou de papiers. Agathe me chuchota de me mettre au pied du lit et me tendit un album photo. Elle vint s’asseoir prêt de moi et me présenta sa famille. On ne pouvait s’empêcher de rire en voyant des photos d’Hugo qui paraissait moins sérieux et crédible à présent. Nos ricanements ne manquèrent pas de le réveiller et qui se leva affolé.
- « Agathe, mais qu’est ce que tu f… CASSIE ?! Mais putain, t’es vraiment chiante Agathe, fais la sortir ! »
Agathe fit des yeux en soucoupe et ne put s’empêcher de glousser à nouveau. Elle alla m’ouvrir la porte et me dit d’attendre quelques minutes sur la chaise qui se trouvait dans le couloir en face de la chambre. Elle ré-entra à nouveau et je pu l’entendre se faire engueuler violemment par son cousin, hors de lui.
- « Putain de merde pourquoi tu l’as emmené ici ?! T’as vu ma chambre, t’as vu dans quel état je suis ? T’as rien trouvé de mieux pour me mettre encore plus la honte ?!
- Mmmh… Laisse moi réfléchir… Ah si ! Je lui ai montré un album photo de toi petit, t’étais mignon quand t’étais petit ! » dit elle sur un ton mêlant insolence et ironie.
Agathe sortit quelques minutes après et descendit avec moi afin qu’on s’assoit sur le canapé.
- « Monsieur s’habille, il veut pas que tu le vois dans cet état. Il en aura pour longtemps s’il veut être beau ! » dit-elle en riant.
Elle alluma la télévision et on regarda une émission débile en attendant Hugo. Une bonne vingtaine après, il arriva tout frais sorti de la douche.
CHAPITRE 17
Il dit d’un ton modeste :
- « Bon, je me suis préparée vite fait, hein.
Agathe surenchérit en riant :
- Tu rigoles, t’as mis au moins une demi-heure !
- Quoi ? C’e… C’est vrai ?
- Mais nooon… Vingt bonnes minutes on va dire ! »
Il soupira et s’assit avec nous.
- « Bon alors, pourquoi vous êtes venu ?
- Bah tu te rappelles pas ? Je t’avais promis de venir prendre de tes nouvelles.
- Ouais enfin tu m’avais pas dis qu’il y’aurait Cassie.
- Roh, ça change rien qu’elle soit là de toute façon. »
Hugo leva les yeux au ciel et nous donna quelques nouvelles. Il se plaignit pendant au moins 10 bonnes minutes de toute la souffrance que son pauvre rhume lui faisait endurer et puis on pu enfin commencer à parler de sujets intéressants et rire un peu.
Au bout d’une bonne heure de discussion, Agathe se leva.
- « Bon c’est pas tout mais je dois y aller moi, je vais me faire engueuler par ma mère si je suis pas à l’heure pour manger.
- Ah, moi aussi je vais y aller alors… » Soudain je vis les cours que j’avais oublié de lui donner et me rectifia. « J’ai oublié de te donner les cours, tu les veux maintenant ?
- Ah oui, carrément ! Et t’as qu’à rester un peu pour m’expliquer aussi parce que sinon, je sens que je vais rien comprendre ! »
Je tournai la tête vers Agathe qui me lança un sourire et j’acceptai la proposition d’Hugo.
On dit au revoir à Agathe qui s’en alla comme elle était venue. J’étais soudain un peu moins à l’aise mais Hugo fit tout pour détendre l’atmosphère.
- « Bon, t’as qu’à appeler tes parents… Enfin, ta mère je veux dire pour lui dire que tu restes manger ici !
- Ah, parce que je reste manger ?
- Bah, il faut bien que quelqu’un me prépare le déjeuner. »
Il me lança un sourire que je lui renvoyai en soupirant ironiquement et nous nous installions sur la table de la salle à manger.
Je lui faisais rattraper tous les cours et il s’avérait être, à ma plus grande surprise, plutôt sage et concentré. Après avoir bien travaillé, il se balança en arrière sur sa chaise en se lamentant.
- « J’ai faaaaaaaim… Ca te dit qu’on fasse une pause ? »
J’acceptai et il prépara tant bien que mal un repas pâtes-jambon digne d’un cuisinier étoilé bien entendu. On mangeait devant la TV, puis on mit un film enchaîné par une partie de jeux vidéos ce qui fait que cette après midi qui était censée être consacrée aux devoirs se dissipa en une partie de rire et de joie. Le soir venu, je repartais mais quelque chose avait changé, ou plutôt j’avais gagné quelque chose : de la sympathie envers Hugo qui s’avérait ne pas être aussi bas dans mon estime que je ne le pensais. Du moins, quand nous étions que tous les deux. La soirée se passa tandis que je discutais avec Agathe et Luis par messages. J’avais supprimé le numéro d’Emilie et de tous mes anciens amis à qui je ne voulais plus avoir à faire. Je me vidais la tête et ce qui me restait d’eux au fond du cœur.
Ce soir là, je me couchai aux alentours de minuit, absorbée par un téléfilm idiot passant sur la 6. Le lendemain, Anna vint me réveiller en ouvrant mes rideaux brusquement.
- « Tu vas être trop contente ! J’ai organisé une journée avec les gens de notre classe et on va tous aller en ville ! Je sens que ça va être trop cool ! Du coup je savais pas comment m’habiller, ça fait au moins une heure que je me prépare. Au début j’avais mis une robe mais il fait un peu froid, tu trouves pas ? Du coup j’ai voulu mettre mon slim noir mais il est à laver, tu te rends comptes ? Heureusement j’en ai deux autres mais bon du coup j’ai bien passé 10 minutes à les rechercher dans mon armoire de vêtements… J’ai tellement de vêtements si tu savais, c’est fatigant ! Mais bon, il faut quand même que j’aille faire les magasins car il me manque une pièce primordiale dans ma collection : un t-shirt bleu et rose ! J’en ai un déjà mais je l’aime plus trop et puis je l’ai acheté y’a au moins 1 an, il est super vieux quoi. Et puis j’en profiterai pour acheter la robe léopard que j’ai vu l’autre fois, tu te rappelles ? Et puis, l’écharpe aussi… »
Je la laissais déballer sa vie passionnante et commençais doucement à me réveiller sans prêter attention à tous ses pauvres malheurs de petite fille pourrie gâtée. Tout allait bien jusqu’à que je me rappelle qu’elle m’avait dis au début de son long discours qu’elle m’invitait à sa sortie. Pour passer la journée avec des mecs comme Ethan ou Noé ? Non merci ! Sachant que je n’avais pas le choix de venir, j’espérai juste qu’il y aurait Luis et Hugo.
CHAPITRE 18
Au bout de 10 bonnes minutes, Anna n’avait enfin plus rien à dire et elle me laissa me préparer tranquillement. J’ouvris ma fenêtre et sentis une brise glaciale s’engouffrer dans ma chambre. Je la refermai brusquement et pu enfin m’habiller. J’enfilai un jean slim gris ainsi qu’un gros pull en laine de couleur bordeaux. Je saisissais ma vieille paire de van’s et parti déjeuner. Manquant d’appétit, j’empoignai une pomme et remontai voir Anna pour lui annoncer que j’étais prête.
- « Ooh ! C’est le pull qu’on avait acheté ensemble ! Je suis super contente que tu l’ai mis ! Bon, ça tombe bien que tu aies fini de te préparer, il faut qu’on y aille, ils nous attendent déjà. »
On sortit de la maison, là où Ethan nous attendait déjà. Anna avait prévu qu’on prenne le bus et qu’on s’arrête au centre ville où on rejoindrait les autres.
Ma cousine sauta sur Ethan en lui faisant la bise puis l’entraîna par la main sans même se préoccuper de moi. Je sortis mon iPod et enfilai mes écouteurs en levant les yeux au ciel tellement leurs comportements étaient pathétiques. Ethan croyait me rendre jalouse en se laissant faire ainsi ? Et bien il pouvait toujours courir, il me dégoûtait plus qu’autre chose.
Arrivés dans le bus, on s’installait sur les places à 4 et quelques arrêts plus loin, Hugo nous rejoignait. Il nous fit la bise et s’assit en face de moi. Il se mit à discuter et à rire comme il en avait l’habitude tandis que je regardai le paysage par la fenêtre. Etrangement, Luis n’était pas à son arrêt bien que j’étais persuadée qu’il avait été invité. Je m’inquiétai alors et balaya le paysage des yeux rapidement pour voir où il pouvait bien être. Hugo vit que j’étais préoccupé et me demanda :
- « Ca va Cassie ? Qu’est ce qu’il y a ?
- Rien, je me demandai où était Luis… Vous l’avez bien invité au moins ?
- Oui, il avait sûrement un empêchement, répondit Anna.
Je soupirai tristement tandis qu’Hugo essayait de me taquiner.
- Ah j’en connais une qui est sous le charme du blondinet ! Non, sérieux, tu t’inquiètes vraiment pour lui ? C’est un suédois, il a sûrement dû se perdre en lisant les panneaux ! »
J’avais beau l’apprécier, les plaisanteries d’Hugo m’énervaient plus qu’autre chose à ce moment même. Je n’avais aucune envie de rire et je savais que sans Luis, je me sentirai bien seule durant cette journée.
Arrivés au centre ville, nous étions enfin tous réunis. Il y avait Ethan, Noé, Hugo, Anna et une autre fille que je ne connaissais pas et qui ne m’inspirait rien. Les filles voulurent commencer par un magasin de vêtements qui ne m’intéressaient ni moi, ni les garçons. Les seules tenues présentées étaient vulgaires et sans intérêts. Je restai assise sur une chaise près des cabines en attendant que les filles essaient leurs tenues afin de leur donner mon avis inutile. Hugo et Noé s’amusaient à regarder les vêtements aussi farfelus les uns que les autres tandis qu’Ethan était assis en face de moi. Je ne lui jettai pas le moindre coup d’œil et m’efforçais à l’ignorer ce qui devint rapidement difficile étant donné qu’il m’adressa la parole.
- « T’essaies pas de vêtements ?
- Non.
- Pourquoi ?
- J’aime pas vraiment ce qu’il y a ici.
- De toute façon c’est pas difficile, t’aimes rien ni personne.
- Si, j’aime bien Anna.
- C’est pas vrai. T’aimes ni sa façon de parler, ni les tenues qu’elle t’oblige à porter, ni ses amis, ni les sorties qu’elle t’oblige à faire, ni la façon dont elle s’obstine à te rendre plus sociable. En fait, t’aime pas grand chose chez elle.
Sa vision était juste et j’avais l’impression qu’il savait tout de moi, ce qui m’effrayait.
- Mais qu’est ce que t’en sais d’abord ? Tout ce que tu dis est faux !
- Quoi ? T’aimes quand elle crie pour parler ? T’aimes ses amis, franchement ? Moi, tu m’aimes ?
- Tu connais la réponse.
- Et bien je serai pas surpris alors. Dis la moi.
- Tu fais tout pour que je te supportes pas, ça t’amuse ? Parce que moi non. J’en ai marre que tu t’en prenne à moi, j’en ai marre que tu t… »
Je fus alors interrompue par Anna qui sortait de sa cabine. Je me stoppai de parler immédiatement et lui donna mon avis sur sa tenue.
- « Ça te va super bien, et ça met en valeur tes formes, tu devrais l’acheter ! »
Cette tenue était immonde. Le haut trop court et transparent comme jamais et ce pantalon, plus moulant qu’un collant.
Au moins, elle repartait dans sa cabine satisfaite.