SailorFuku est un jeu de mode où tu incarnes une jeune lycéenne, dans la ville de SailorCity, au Japon.
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    Junnee
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    Date de création :
    le 27/01/2018 à 23:53

    Présentation
    Modifié le 28/01/2018

    PERSONNAGE DE QUERIIA


    Roan Clinton


    PERSONNAGE DE JUNNEE




    Chang Yun | 22 ans | Stagiaire en psychiatrie
    « Elle parle toute seule, elle sait des choses qu'elle n'est pas censé savoir, elle est violente, et me pose toujours des problèmes ! Cette enfant est juste complètement folle ! »
    C'est ce que pensait sa mère. Yun parle seule. Yun regarde quelqu'un qui n'est pas là. Yun a un ami que personne ne voit. Yun sait des choses qu'elle n'est pas censé savoir. Yun est plus mature que les enfants de son âge, parce que justement, elle sait bien plus de choses qu'eux. Parce que Yun, elle a quelqu'un pour lui apprendre des choses, pour lui dire que le père noël n'existe pas, que la soupe ne fait pas grandir, elle a quelqu'un pour l'avertir, la diriger, lui dire quoi faire, elle a quelqu'un pour la guider, et la «protéger». Quelqu'un d'invisible. Quelqu'un qui n'existe pas. Quelqu'un qui lui donne des ordres, et lui demande de faire du mal à ceux qui s'en prennent à elle. Et parfois même sans raison. Et ce quelqu'un, c'est un mouton. Un mouton noir, avec des cornes de diable. 
    Son psychologue lui disait que ce n'était pas anormal d'avoir un ami imaginaire à son âge. Parce que Yun n'avait pas d'amis, elle s'était imaginé un ami pour elle seule. Elle était seule. Elle a toujours été seule, mais c'était avant tout parce qu'elle avait cet animal qui lui parlait et la suivait partout. Yun lui répondait. Yun passait pour une folle. On l'avait isolée. On l'appelait « sorcière », ou encore « démon ». Les enfants la fuyaient comme la peste, et en même temps, ils s'en prenaient à elle pour se défouler. Elle était un bouc émissaire. Elle était la victime, mais on la pensait coupable. Elle était un punching ball. Pour quelle raison ? C'était évident ; Yun était différente.
    Elle était folle.
    Jamais elle n'avait apprécié la compagnie de ce mouton. Cet animal sorti tout droit des enfers effrayait Yun. Pourtant, ce mouton disait être son ami. Son guide. Il lui disait qu'elle n'avait besoin de personne de toute manière. Qu'elle l'avait lui. Et que c'était suffisant. Ce mouton avait pris une trop grosse place dans sa vie. La mère de Yun ne supportait plus de l'entendre parler seule. De l'entendre s'énerver contre quelque chose qui n'existait pas. Mais ce qu'elle supportait le moins, c'était de passer pour une mauvaise mère quand Yun se bagarrait avec des camarades de classe. La mère de Yun a abandonné ses responsabilités. Elle a abandonné une enfant emprisonnée par un mouton démoniaque. Parce que ce mouton était tout, sauf un ange. 
    Il tentait Yun. Il lui disait de faire des choses innacceptables. Yun ne voulait pas l'écouter. Mais elle n'avait pas le choix. Elle subissait constamment les voix de ce mouton. Combien de fois Yun s'était-elle évanouie à cause d'un pauvre mal de crâne ? Combien de fois Yun se réveillait-elle en sursaut, les larmes aux yeux, après avoir fait des cauchemars malsains, mauvais, n'apportant que le chaos dans son esprit ? Parfois, elle ne pouvait pas faire autrement. Parfois, elle devait obéir, pour faire cesser ces voix, ne serait-ce qu'un instant. Elle devait faire du mal aux autres. Elle devait les punir pour l'avoir traité de monstre. Elle devait se libérer des voix.
    Yun a vécu ainsi 22 ans. En 22 ans, Yun a appris à ne plus répondre à ce mouton. Elle a appris à ne plus parler seule, et à faire plus ou moins abstraction des voix et des tentations. Sachant qu'aucun psychologue ou psychiâtre ne pourrait l'aider à détruire l'existence de ce mouton, Yun décida de devenir elle-même psychiâtre. Elle décida de trouver un moyen de devenir une jeune femme normale. Une jeune femme qui n'aurait pas à devoir écouter et à voir cet être démoniaque, ce tentateur venu des enfers. 
    « Mais Yun, tu ne pourras jamais te débarasser de moi. Je suis ton ange gardien après tout »
    Yun avait cessé de se battre contre lui. Lui parler, lui demander de partir, lui demander pourquoi il restait ici ne servait à rien. Ce mouton ne faisait que se moquer d'elle. Elle continue de vivre avec les voix, et elle prend beaucoup de médicaments contre les maux de crâne. Mais jamais Yun n'abandonnerait l'idée d'effacer cet animal de son esprit. Elle le devait, pour se libérer. Pour enfin vivre. 
    Yun est perspicace, pas seulement grâce à ce mouton, mais grâce à ses capacités d'observation, qui feraient d'elle une excellente psychiâtre. La moindre expression faciale peut vouloir dire beaucoup de choses sur la vie ou la personnalité d'une personne. Yun est calme, et loin d'être très bavarde. Parce que Yun n'a jamais eu d'amis, elle n'est pas habituée à discuter avec d'autres personnes. Mais plus encore, Yun a du mal à faire la différence entre les voix du mouton, et la voix des autres. C'est pourquoi elle évite très souvent la conversation ; pour ne pas passer à nouveau pour une folle. N'étant pas habituée à parler, Yun n'aime pas vraiment discuter, et ne sait pas non plus comment s'exprimer. Elle s'exprime alors beaucoup avec le regard, mais plus encore, Yun a une préférence pour les discussions écrites. 
    D'apparence froide et inexpressive, Yun cache en réalité une grande sensibilité, qu'elle dissimule principalement pour éviter que ce mouton en profite.

    Chang Yun | 22 ans | Stagiaire en psychiatrie


    « Elle parle toute seule, elle sait des choses qu'elle n'est pas censé savoir, elle est violente, et me pose toujours des problèmes ! Cette enfant est juste complètement folle ! »


    C'est ce que pensait sa mère. Yun parle seule. Yun regarde quelqu'un qui n'est pas là. Yun a un ami que personne ne voit. Yun sait des choses qu'elle n'est pas censé savoir. Yun est plus mature que les enfants de son âge, parce que justement, elle sait bien plus de choses qu'eux. Parce que Yun, elle a quelqu'un pour lui apprendre des choses, pour lui dire que le père noël n'existe pas, que la soupe ne fait pas grandir, elle a quelqu'un pour l'avertir, la diriger, lui dire quoi faire, elle a quelqu'un pour la guider, et la «protéger». Quelqu'un d'invisible. Quelqu'un qui n'existe pas. Quelqu'un qui lui donne des ordres, et lui demande de faire du mal à ceux qui s'en prennent à elle. Et parfois même sans raison. Et ce quelqu'un, c'est un mouton. Un mouton noir, avec des cornes de diable. 


    Son psychologue lui disait que ce n'était pas anormal d'avoir un ami imaginaire à son âge. Parce que Yun n'avait pas d'amis, elle s'était imaginé un ami pour elle seule. Elle était seule. Elle a toujours été seule, mais c'était avant tout parce qu'elle avait cet animal qui lui parlait et la suivait partout. Yun lui répondait. Yun passait pour une folle. On l'avait isolée. On l'appelait « sorcière », ou encore « démon ». Les enfants la fuyaient comme la peste, et en même temps, ils s'en prenaient à elle pour se défouler. Elle était un bouc émissaire. Elle était la victime, mais on la pensait coupable. Elle était un punching ball. Pour quelle raison ? C'était évident ; Yun était différente.


    Elle était folle.


    Jamais elle n'avait apprécié la compagnie de ce mouton. Cet animal sorti tout droit des enfers effrayait Yun. Pourtant, ce mouton disait être son ami. Son guide. Il lui disait qu'elle n'avait besoin de personne de toute manière. Qu'elle l'avait lui. Et que c'était suffisant. Ce mouton avait pris une trop grosse place dans sa vie. La mère de Yun ne supportait plus de l'entendre parler seule. De l'entendre s'énerver contre quelque chose qui n'existait pas. Mais ce qu'elle supportait le moins, c'était de passer pour une mauvaise mère quand Yun se bagarrait avec des camarades de classe. La mère de Yun a abandonné ses responsabilités. Elle a abandonné une enfant emprisonnée par un mouton démoniaque. Parce que ce mouton était tout, sauf un ange. 


    Il tentait Yun. Il lui disait de faire des choses innacceptables. Yun ne voulait pas l'écouter. Mais elle n'avait pas le choix. Elle subissait constamment les voix de ce mouton. Combien de fois Yun s'était-elle évanouie à cause d'un pauvre mal de crâne ? Combien de fois Yun se réveillait-elle en sursaut, les larmes aux yeux, après avoir fait des cauchemars malsains, mauvais, n'apportant que le chaos dans son esprit ? Parfois, elle ne pouvait pas faire autrement. Parfois, elle devait obéir, pour faire cesser ces voix, ne serait-ce qu'un instant. Elle devait faire du mal aux autres. Elle devait les punir pour l'avoir traité de monstre. Elle devait se libérer des voix.


    Yun a vécu ainsi 22 ans. En 22 ans, Yun a appris à ne plus répondre à ce mouton. Elle a appris à ne plus parler seule, et à faire plus ou moins abstraction des voix et des tentations. Sachant qu'aucun psychologue ou psychiâtre ne pourrait l'aider à détruire l'existence de ce mouton, Yun décida de devenir elle-même psychiâtre. Elle décida de trouver un moyen de devenir une jeune femme normale. Une jeune femme qui n'aurait pas à devoir écouter et à voir cet être démoniaque, ce tentateur venu des enfers. 


    « Mais Yun, tu ne pourras jamais te débarasser de moi. Je suis ton ange gardien après tout »


    Yun avait cessé de se battre contre lui. Lui parler, lui demander de partir, lui demander pourquoi il restait ici ne servait à rien. Ce mouton ne faisait que se moquer d'elle. Elle continue de vivre avec les voix, et elle prend beaucoup de médicaments contre les maux de crâne. Mais jamais Yun n'abandonnerait l'idée d'effacer cet animal de son esprit. Elle le devait, pour se libérer. Pour enfin vivre. 


    Yun est perspicace, pas seulement grâce à ce mouton, mais grâce à ses capacités d'observation, qui feraient d'elle une excellente psychiâtre. La moindre expression faciale peut vouloir dire beaucoup de choses sur la vie ou la personnalité d'une personne. Yun est calme, et loin d'être très bavarde. Parce que Yun n'a jamais eu d'amis, elle n'est pas habituée à discuter avec d'autres personnes. Mais plus encore, Yun a du mal à faire la différence entre les voix du mouton, et la voix des autres. C'est pourquoi elle évite très souvent la conversation ; pour ne pas passer à nouveau pour une folle. N'étant pas habituée à parler, Yun n'aime pas vraiment discuter, et ne sait pas non plus comment s'exprimer. Elle s'exprime alors beaucoup avec le regard, mais plus encore, Yun a une préférence pour les discussions écrites. 


    D'apparence froide et inexpressive, Yun cache en réalité une grande sensibilité, qu'elle dissimule principalement pour éviter que ce mouton en profite.

    Nouvelles membres


    Discussions

    Le patient avait très bien compris qu’il demandait la lune à la jeune femme, mais que pouvait-il faire d’autre ? Il était complètement impuissant et avait réellement besoin de voir, ou même ne serait-ce que parler à sa famille. Il savait cependant que cela lui était impossible et c’est ce qui l’énervait énormément. Dans l’hôpital psychiatrique où il avait été interné en France, donnait droit au visite des familles de temps en temps. Et malgré toute la modestie qu’il pouvait avoir par rapport à lui-même, il savait très bien qu’en plus d’être un patient au cas particulier, il était un patient de marque étant l’héritier de l’empire Clinton, et pourtant, il acceptait qu’on lui refuse tout un tas de chose. Il était bien conscient d’être malade, mais le priver de communiquer avec sa famille était quand même un peu trop.

    Lui proposer de venir vivre dans la résidence du personnel n’était pas forcément une mauvaise idée, et si la chambre de sa psychiatre était suffisamment grande pour l’accueillir, alors il dirait oui tout de de suite. Et pourtant, il hésitait grandement. « Vivre » avec elle, c’était aussi la mettre en danger dans le cas où il deviendrait incontrôlable. Pendant un petit moment de silence, dans lequel il fixait la feuille blanche devant lui, il réfléchissait sérieusement à la proposition de la psychiatre.

    « Tu devrais accepter. On sera enfin libre de cette cellule d’à peine sept mètres carré, lança Aden confiant.
    - Je suis d’accord avec lui, ajouta Daegan, en plus elle te plaît, tu pourrais mieux t’entendre avec elle! »

    Roan ignora les mots de la seconde identité, connaissant très bien le sens caché à ses mots. Cependant ce que disait Aden n’était pas idiot. Sept mètres carré n’est pas du tout suffisant pour lui qui avait l’habitude de vivre dans une pièce de vingt mètres carré. Puis, elle reprit la parole, lui faisant lever les yeux vers son visage pour la regarder en même temps qu’il l’écoutait.

    « Je chercherais un moyen de faire venir tes autres identités, si tu es consentant. Il faudra que tu me laisses faire. Et si tu acceptes la proposition précédente, je peux commencer à t’emmener à la résidence du personnel dès demain. Alors supporte encore une nuit de plus dans cette prison, Roan. Je te laisse écrire un message sur ce papier et je m’occuperais de le lire à tes parents demain. »

    Le jeune héritier acquiesça d’un hochement de tête, prenant le stylos se trouvant à gauche de la feuille, et commença à écrire pour sa famille. Des mots assez simple, il ne pouvait certainement pas tout dire, du moins il essayait d’en dire le plus possible.

    « Maman, papa…
    Je ne sais pas vraiment quoi vous dire, et pourtant, j’ai un million de choses à vous raconter. Et c’est bien la première fois qu’on me laisse vous écrire un message, même si ce n’est pas moi qui vous le lirais… J’ai une nouvelle psychiatre, c’est elle qui vous lit ce message, elle s’est promise de me guérir, et pour une fois, je veux croire en quelqu’un.
    Je vais aller mieux, je vais guérir, je vous le promets. Et, quand je reviendrai, je serai prêt à assumer mon rôle d’héritier.
    Déjà deux ans que je suis ici… Vous me manquez, je vous aime. Croyez en elle aussi, je veux croire qu’elle fera tout son possible.
    Rassurez-vous, je vais mieux à présent. Je vous embrasse. »

    Et il posa le stylos sur la feuille, se levant à son tour pour suivre la demoiselle jusqu’à sa cellule. Seulement avant qu’elle ne s’en aille, il l’arrêta de sa voix.

    « Eh Yun, j’avais une valise avec mes affaires de toilette et mes vêtements, pourrais-je les récupérer si je viens habiter avec vous ? Je ne supporte pas d’être traité comme un malade en portant un pyjama sans cesse… Et je tiens à vous remercier. Passez une bonne nuit, à demain. »

    Encore une nuit à supporter cet enfer, il l’avait fait durant deux ans, il pouvait bien le faire une nuit de plus. Aussi s’allongea-t-il dans le lit inconfortable, fermant les yeux pour que le sommeil vienne plus vite.
    à 14:27 le 19/02/2018
    Yun le regarda longuement lorsqu'il fit sa liste de demandes. Elle se sentait désolée, parce qu'elle comprenait ses sentiments. Si elle avait été à sa place, elle aussi, elle aurait demandé le contact familial, et un peu plus de liberté. Yun réfléchissait alors à ce qu'elle pouvait faire. Ce n'était qu'une jeune stagiaire en psychiatrie. Elle était loin d'avoir beaucoup de pouvoirs. Elle ne pourrait jamais tout lui accorder. Mais elle pouvait essayer. Elle soupira en lui répondant sur un ton plutôt mal à l'aise.

    « - Je ne peux rien faire concernant ta famille.. pour ce qui est du temps, je peux t'éclairer. Cela fait 2 ans que tu es ici. Et je pourrais te dire quel jour nous sommes, tous les jours, pour que tu sois moins perdu. Je peux aussi contacter ta famille, mais je ne pourrais pas les faire venir, ou faire en sorte que tu puisses leur parler.. je pourrais simplement leur donner de tes nouvelles, et te donner les leurs. Si tu as un message à faire passer, tu peux le noter. Je le leur dirais »

    C'était le mieux qu'elle puisse faire pour le moment. Concernant un endroit plus grand, eh bien.. elle avait peut-être une idée, mais.. oh bon sang. Elle allait le regretter.

    « - .. je peux essayer quelque chose. En tant que psychiâtre ici, j'ai le droit de passer autant de temps avec toi que je le souhaite pour te guérir. Alors si tu n'es pas dans ta cellule toute la journée et même durant la nuit, et que je dis à ma supérieure que tu es avec moi, ça ne sera pas suspicieux, et tout ira bien, du moment que tu prends tes médicaments. Et dans ce cas là, je pourrais faire en sorte que tu viennes «vivre» dans la résidence du personnel. Ma chambre est très grande, et je n'ai pas de colocataire. C'est la seule solution que j'ai à te proposer, Roan. Il y aura juste certaines règles à respecter »

    Parce que si on venait à découvrir qu'elle avait permise à un patient de rejoindre la résidence du personnel, elle devrait en subir les conséquences, loin d'être agréables.

    Yuuuun, tu prends beaucoup trop de risques. Tu es vraiment imprudente ! Tu ne peux pas faire confiance à n'importe qui, fille stupide ! Bêêêh, fais comme tu veux, si tu veux t'attirer des ennuis, ce n'est pas mon problêêême. Mais si tu venais à mourir, moi aussi, je n'existerais plus ! Pense un peu à moi et à mes sentiments !

    Mais Yun n'écoutait pas, parce qu'elle avait appris à ne plus écouter personne.

    « - Je chercherais un moyen de faire venir tes autres identités, si tu es consentant. Il faudra que tu me laisses faire. Et si tu acceptes la proposition précédente, je peux commencer à t'emmener à la résidence du personnel dès demain. Alors supporte une nuit de plus dans cette prison, Roan. Je te laisse écrire un message sur ce papier, et je m'occuperais de le lire à tes parents demain »

    Et elle se leva. La consultation de ce soir était terminé. Alors elle fit signe à Roan qu'il était temps pour lui de rentrer dans sa cellule, et de dormir. Et elle aussi, elle dormirait à la résidence, en réfléchissant à la suite des évènements.
    à 19:29 le 11/02/2018
    « Dis-moi, comment puis-je faire venir l'une de tes identités ? Mais avant tout, est-ce que tu m'autoriserais à parler avec l'une d'elle ? Je ne sais pas à quel point c'est désagréable pour toi de laisser ton corps à quelqu'un d'autre… alors si pour le moment tu ne m'y autorise pas, je comprendrais, Roan. »

    L’héritier réfléchissait à son tour à la façon dont les identités pouvaient bien venir à elle pour la rencontrer. Il est vrai qu’il n’aimait pas laisser son corps aux identités, le seul problème était qu’il ne pouvait pas le contrôler si ses émotions étaient trop fortes. Il resta plongé dans un mutisme alors qu’il réfléchissait toujours à la manière la plus simple de faire venir au moins l’une d’elle. Fallait-il déjà qu’ils en aient envie, le plus souvent, ils ne l’écoutaient pas. Et tant qu’ils pouvaient se tenir tranquille, Roan ne s’en porterait que mieux. Non vraiment, il ne voulait pas que les identités prennent encore possession de son corps, lui ne pouvait même pas savoir ce qu’il se passait, et malgré tout, c’était douloureux. Il avait conscience de ce qu’il se passait, et ce lapse de temps où il n’était plus maître de son corps était pour lui comme s’il n’existait plus pendant un moment.

    Son regard était fixé sur le vide, mais finalement il reporta toute son attention sur la jeune femme qui devait être encore gênée en sa présence. Il appréciait d’ailleurs le fait qu’elle veuille absolument le guérir. Il ne savait pas réellement s’il pouvait la croire, qu’il pouvait lui faire confiance, il ne savait pas si elle abandonnerait un jour ou non. Mais il voulait tout de mêm croire en quelqu’un pour une fois. Il avait cru au psychiatre français qui lui avait diagnostiqué sa maladie. Et maintenant, c’était en cette charmante jeune femme qu’il voulait croire.

    « Les identités prennent délibérément possession de mon corps, le plus souvent quand mes émotions sont trop fortes, et que j’ai du mal à me contrôler. Lorsque je ne suis plus maître de moi-même, je ne m’en rends pas tellement compte alors… »

    C’était faux, mais que pouvait-il lui dire ? Qu’il refusait ? Non il ne pouvait pas. Il avait besoin de ça aussi pour guérir, peut-être que laisser son corps est la seule solituion pour trouver un moyen de faire partir les identités. Et dans le fond, c’est ce qu’il voulait.

    « J’aimerai vous demander quelque chose, si vous le permettez… De temps en temps, j’aimerai pouvoir prendre contacte avec ma famille. Comprenez que depuis quelques années que je suis ici il me semble, je ne les ai pas revu… D’ailleurs, je ne sais même pas depuis combien de temps je suis ici, je perds complètement la notion du temps. Et aussi, je ne veux plus être dans cette cage de fer, c’est beaucoup vous demander et je m’en excuse, mais je suis un être humain comme vous l’avez dit ce matin, et non pas un animal. C’est pas un environnement pour moi, j’ai besoin de plus grand, je deviens fou enfermé là-bas… Si vous pouviez au moins m’accorder une de ces requètes… »

    Roan avait conscience de trop en demander, mais pour avoir confiance en cette stagiaire, il avait besoin de voir qu’elle pouvait lui accorder quelques privilèges. Il était son seul patient, et lui voulait pour une fois, faire l’effort d’aider un psychiatre, alors en retour, il aimerait au moins vivre dans un endroit plus équipé, plus grand, et plus confortable. Rien que le fait de savoir que sa famille va bien, que l’empire Clinton est bien géré, et surtout quel jour on est lui suffirait.
    à 22:28 le 02/02/2018
    Yun écoutait d'une oreille attentive cette voix grave qui sonnait comme une mélodie dans ses oreilles. Sa voix était plus douce qu'elle ne l'aurait imaginé. Du moins, c'était ainsi qu'elle la percevait. Une voix douce et agréable à entendre, et elle notait les points importants que cette voix masculine lui dictait.

    « - Je suis désolé, ils n’aimeraient sans doute pas que je parle à leur place. Et pour vous dire la vérité, je ne sais pas grand-chose à leur sujet, ils ne me disent uniquement ce qu’ils veulent bien que je sache, hormis cela, je suis autant dans le flou que vous… » Il marqua une pause, avant de lui-même poser une question. « Je suis votre premier patient n’est-ce pas ? Cela ne doit pas être facile d’être confronté à un cas particulier, je me trompe ? »

    La jeune fille se mit à réfléchir. S'il ne pouvait pas parler à la place de ses identités , alors elle devait les faire venir. Alors qu'elle y réfléchissait, Roan lui posa une question qui l'a rendit légèrement mal à l'aise. Avait-il remarqué qu'elle n'était pas très confiante ?

    « - Oh, euh.. oui tu es mon premier patient. C'est vrai que ce n'est pas facile.. ton cas ne serait facile pour personne, et pour moi certainement moins. Mais ce n'est pas grave. Parce que j'ai décidé que je te guérirais »

    Yun n'avait franchement pas confiance en elle, mais elle voulait tout de même essayer. Elle était prête à tout pour le guérir. Et c'est cette détermination qui rendait le mouton noir hilare. Assis sur son bureau, il riait aux larmes en voyant sa «maîtresse» paraître aussi déterminée, alors qu'elle n'était même pas un peu sûre d'elle. Ses rires insupportaient Yun, mais elle faisait avec. Elle faisait de son mieux pour ne pas paraître agacé. Au lieu de ça, elle fit mine de dépoussiérer son bureau pour en réalité dégager ce mouton d'ici.

    « - Dis-moi, comment puis-je faire venir l'une de tes identités ? Mais avant tout, est-ce que tu m'autoriserais à parler avec l'une d'elle ? Je ne sais pas à quel point c'est désagréable pour toi de laisser ton corps à quelqu'un d'autre.. alors si pour le moment tu ne m'y autorise pas, je comprendrais, Roan »
    à 13:40 le 01/02/2018
    « La jolie demoiselle est partie sans même que je me présente à elle ?
    - Quel dommage, moi qui voulais connaître la douce odeur de son parfum…
    - Le plus important c’est pas de sortir de là ? »

    Ils devaient la fermer. Vite, très vite. Une douleur très intense se développa au creux de son abdomen et alors qu’il était allongé sur son lit inconfortable, il se tordit de douleur. Les identités s’agitaient de trop et lui provoquaient de fortes douleurs qu’elles finissaient elles-mêmes par ressentir. Cela devenait de plus insupportable mais très rapidement, toute douleur se dissipa, le laissant dans un calme reposant. Il tourna alors la tête vers la fenêtre et observa le paysage. On dit souvent qu’un lieu précis, observé à un moment précis permet le vagabondage de l’esprit. C’est ce que Roan essayait de faire pour passer le temps. Ainsi, se perdant dans une description du monde qui l’entour, il passerait plus vite la journée.

    Le ciel était d’un gris si simple, si uniforme, la pluie battait son plein produisant un bruit plutôt agréable qui le détendait. C’était rare dans un pays où il fait globalement beau toute l’année. Mais peut-être se trouvait-il dans la saison des pluies. En réalité, il n’avait plus tellement la notion du temps. Il ne comptait plus les jours, il n’avait même pas le moyen de le faire. Les arbres étaient morts et à vue d’oeil un vent frais les frappait tant ils tremblaient, faisant tomber les dernières feuilles de l’automne sur le sol qu’il ne pouvait pas apercevoir de sa place.

    Le jeune homme n’avait pas encore touché au plateau repas, ni même à la barre de céréales que sa nouvelle psychiatre avait déposé sur le plateau. Il n’avait tout simplement pas faim.

    « Si seulement j’avais droit à prendre contact avec ma famille… Je suis tout de même héritier non ?
    - Bah demande à la psy ! Moi je veux sortir de cet asile de fous. »

    Aden n’avait pas tort, il pouvait toujours demander à la jeune femme, peut-être pourrait-elle lui accorder ce droit. Et s’il n’était pas un monstre mais bien un être humain comme elle semblait l’affirmer, alors il aimerait pouvoir être traiter de cette façon et posséder un peu plus de confort dans cette cage de fer. Il avait juste l’impression d’être un lion piégé au zoo, et que l’on regardait comme une bête de foire. Oui parce que les fous sont des bêtes de foire, c’est même amusant de les voir se taper la tête contre les murs. C’est facile de s’en prendre à des malades qui souffrent, des vidéos où l’on peut en apercevoir traînent souvent sur internet. Et les commentaires révèlent du mauvais côté de chaque personne. Il est vrai que lui avait de la chance d’avoir été interné en toute confidentialité, car si cela venait à se savoir, se serait une attaque en justice contre l’hôpital.

    Son père voulait le protéger de cette honte qu’il pourrait ressentir si sa maladie mentale venait à être connue de tous. Il voulait aussi protéger l’empire que ses propres parents avaient bâti, et par-dessus tout leur nom de famille. Si seulement il savait dans quelles conditions il était traité… Il le ferait sortir de là immédiatement pour le faire soigner dans le domaine familiale, auprès de toutes les personne qui l’aiment. Roan détourna le regard de ce ciel gris, qui reflétait parfaitement sa solitude et sa tristesse, oui parce que au fond, ce n’était pas facile de vivre enfermé, loin de tout. Déjà plusieurs mois qu’il ne voyait personne. Encore heureux qu’il y avait les identités, car s’il n’était pas fou, il le serait très vite devenu.

    Son regard s’arrêta sur le plateau avec la barre de céréales qu’il saisit pour manger un peu. Il fallait bien qui se nourrisse, lui qui avait une force surhumaine avait grand besoin d’énergie.

    Il ouvrit alors le papier et croqua dans la barre, le goût de noisette lui procurant instantanément un sentiment de plaisir. Il adorait les noisettes, les cacahuètes, et tous les aliments de cette même famille. Il rêvait actuellement de tartine de beurre de cacahuète ou de chocolat noisette. Mais malheureusement toute nourriture malsaine était bannie dans l’hôpital. Une raison de plus pour qu’il s’en échappe rapidement. Le Canada lui manquait, travailler aussi. D’ailleurs, avant de rencontrer un hypnothérapeute, même si on avait effacé cette rencontre de sa mémoire, il travaillait, se préparant même à hériter de l’empire Clinton. Mais cette visite qui pour lui n’avait jamais eu lieu, chamboula tout dans sa vie et son esprit, le faisant alors atterrir dans différents hôpitaux psychiatriques avant celui-ci. Pourquoi ne pas être resté en France, il y était bien mieux traité qu’ici.



    La nuit se pointa, mais lui préférait rester dans le noir, il n’avait même pas touché au second repas qu’on était venu lui apporter, se demandant si la jeune psychiatre allait vraiment venir le voir. Elle avait dit qu’elle le ferait mais n’avait-elle pas fui comme les autres avant elle ? La question pouvait en effet se poser, lui avait eu plusieurs fois l’espoir de sortir de cette situation, mais finalement, il se retrouvait toujours sans psychiatre. Ils abandonnaient les uns après les autres, se rendant compte que son cas était réellement complexe, et plus particulier encore que les autres puisqu’il avait des capacités sur-développées, le rendant plus unique encore que les autres patients de l’hôpital.

    « Bonsoir, Roan. On va parler dans mon bureau, ça te fera sortir un peu de cette zone bruyante »

    Aden s’était réveillé dans le corps de Roan qui lui, se redressait à l’entente de la voix de la jeune femme. Yun. Il aurait eu tendance à oublier les noms de ses anciens psychiatres, mais pas le sien, comme il était court et sonnait doux dans sa tête, il était facile de le retenir. L’héritier se leva de son lit et suivit la demoiselle jusqu’à l’ascenseur qu’ils prirent pour monter au dernier étages. Très vite, ils entrèrent dans un bureau encore vide. Venait-elle de l’acquérir ? A la vue de l’unique dossier, qui devait être le sien, sur le bureau, et rien qui définirait un peu plus la personnalité de la jeune femme dans la pièce, il en conclu rapidement qu’elle venait d’avoir les clés.

    Yun l’invita finalement à s’asseoir en face d’elle, et une fois dans le fauteuil, il croisa les jambes et les bras, pour ensuite la regarder calmement alors qu’elle commençait à lui poser des questions. Il s’engagea alors intérieurement à répondre le plus honnêtement possible à tout ce qu’elle voulait savoir. Il la voyait cependant mal à l’aise. Peut-être n’était-elle pas habituée à avoir un patient.

    « Je suis le cadet de trois sœurs, et j’ai également deux petits frères jumeaux. Vous devez sans doute savoir que je suis hypermnésique, alors oui, j’étais un très bon élève, j’ai été diplômé de la meilleure université canadienne à l’âge de dix-huit ans. J’ai donc sauté plusieurs classe durant mon cursus scolaire. J’avoue n’avoir jamais été très sociable. Quand j’étais encore dans un hôpital où j’étais en contact avec les autres malades, j’avais plus tendance à m’exiler. Pour ce qui est d’avoir des ennemis, je pense que oui, même si je ne sais pas du tout qui. Porter le nom de famille Clinton n’apporte pas que des privilèges. »

    Pour ce qui était de parler des identités, il ressentit comme un blocage et comprenait très bien pourquoi.

    « Je suis désolé, ils n’aimeraient sans doute pas que je parle à leur place. Et pour vous dire la vérité, je ne sais pas grand-chose à leur sujet, ils ne me disent uniquement ce qu’ils veulent bien que je sache, hormis cela, je suis autant dans le flou que vous… » Il marqua une pause, avant de lui-même poser une question. « Je suis votre premier patient n’est-ce pas ? Cela ne doit pas être facile d’être confronté à un cas particulier, je me trompe ? »
    à 12:42 le 01/02/2018
    « Je pose souvent cette question à ceux qui tentent de s’occuper de moi. Pourquoi ? »

    Mais oui, pourquoi, Yun ? Pourquoi ? Dis-lui que c'est parce que ça te réconforte de voir ce jeune homme pitoyable, parce que ça fait de toi quelqu'un de moins monstrueux à tes yeux. Bêêêh, dis-lui qu'il n'est qu'une bête de foire particulièrement intéressante à étudier. Yun, allez, que vas-tu lui répondre ?

    « Je ne suis pas un monstre, ni fou comme on le laisse entendre dans cette prison. Mais je suppose que ce n’est pas à moi d’en juger… D’où viens-tu ? Et qu’est-ce qui a fait que tu as voulu devenir psychiatre, et plus encore travailler ici ? »

    Yun n'était pas mécontente de ce début de conversation. Elle se sentait même soulagée qu'il lui pose des questions. Parce que s'il l'avait ignoré, s'il ne lui avait pas répondu, alors Yun n'aurait pas su quoi faire. Elle aurait été encore plus mal à l'aise. Maintenant, elle avait juste à lui répondre. A lui répondre le plus honnêtement possible, sans pour autant lui étaler sa vie. Il fallait faire les choses doucement. Petit à petit.

    « - Je ne te mentirais pas. Ton cas est intéressant, et il a attiré ma curiosité. J'ai également d'autres raisons qui me poussent à vouloir te guérir, mais je ne pourrais pas t'en dire plus »

    Et après ça veut obtenir la confiance d'un malheureux, bêêêh. Dis-lui que c'est un monstre, et que ça t'arrange, petite menteuse.

    Il y avait une part de vrai dans les paroles du mouton. Mais il y avait autre chose. Elle se voyait plus ou moins en Roan. Le fait de vivre avec autre chose que soi-même, le fait d'être encore jeune mais d'être déjà «fou», différent, isolé des autres. C'était ce qui poussait Yun à vouloir s'occuper de Roan.

    « - ... je viens de Seoul, en Corée du sud. J'ai fait mes études et mon premier stage de psychiatrie à Tokyo, il y a 1 an. Je veux devenir psychiâtre pour sauver des vies.. si je disais ça, ce serait vraiment cliché, non ? Et ce serait un mensonge. La vraie raison pour laquelle je veux être psychiâtre.. n'a rien d'honorable. Et celle pour laquelle j'ai décidé de travailler à Hashima l'est encore moins »

    Parce que Yun veut juste sauver sa propre peau. Parce que Yun ne cherche qu'à se guérir elle-même. Les autres, elle s'en fiche ! Êêêêgoiste !

    Ce mouton avait le don d'énerver Yun, parce qu'il disait des choses vraies, que Yun ne voulait pas spécialement admettre. Oui, elle veut trouver un moyen de se guérir. Oui, elle pense qu'elle peut trouver ce moyen en travaillant autour d'autres fous. Oui, on peut dire qu'elle se sert d'eux pour se sauver elle-même.

    Oui Yun est une personne répugnante.

    « - Hum.. je ne pense pas que tu sois un monstre, tu sais. Tu n'es certes pas tout à fait normal.. mais tu n'es pas un monstre. Tu es un être-humain »

    Yun se leva, puis chercha dans la poche de sa blouse pour prendre une barre de céréales aux noisettes, et la placer sur le plateau. Puis elle tenta un petit sourire se voulant compatissant.

    « - Je sais que la nourriture ici n'est pas terrible. Mais tu dois manger.. alors mange au moins cette barre, d'accord ? Je n'ai pas mis de produits toxiques dedans. Je vais y aller pour le moment, mais je reviendrais ce soir et un peu tous les jours pour que tu t'habitues à moi. Ensuite.. j'aimerais faire connaissance avec tes identités. C'est très important pour que je puisse un jour te guérir »

    Elle termina par un rapide « à ce soir », avant de reprendre le taser, et de sortir de la cellule grâce au garde du corps. Ce n'est qu'une fois sorti à l'extérieur de l'hôpital, qu'elle fut capable de souffler un grand coup. Jamais elle n'avait autant parler d'un coup. Elle se sentait mal, et elle était à deux doigts de vomir, mais elle se contrôla un minimum. Avait-elle réussi à rester naturelle ? Avait-elle dit les choses qu'il fallait dire ? Avait-elle fait une gaffe ? N'avait-elle pas un peu bafouillé et bégayé ?

    Moi je dis que tu as surtout été chanceuse de ne pas t'êêêêtre faite égorgé, Yun. Quoi, tu veux vomir ? Ma pauvre amie.. comment tu feras pour discuter avec quatres identités, si tu n'es même pas capable de discuter plus de 7 minutes et 45 secondes avec ton patient ?? Ouêêê j'ai compté ouais. C'est plutôt court comme consultation !

    « - C'est bien pour ça que je dois aussi m'habituer à lui. D'ailleurs, je t'avais demandé de te taire !»

    Yun passa le restant de la journée à faire des recherches sur le trouble de Roan, et à imaginer un plan d'attaque pour commencer à chercher un moyen de le guérir. Puis, le soir venu, après le repas, Yun avait à nouveau traversé le couloir des enfers pour aller voir Roan, seule cette fois-ci. Ayant les clés de la cellule, elle ouvrit la porte en fer pour faire sortir le patient.

    « - Bonsoir, Roan. On va parler dans mon bureau, ça te fera sortir un peu de cette zone bruyante »

    Tant que le patient était accompagné et surveillé, il avait le droit de prendre un peu l'air. La prison qu'était l'hôpital psychiatrique d'Hashima éprouvait un minimum de compassion envers les fous. Parce que quitte à passer sa vie dans cet asile, autant le faire agréablement. Hélas pour la plupart des patients où la guérison est sans espoir, c'était différent. Mais maintenant que Roan avait une psychiâtre, il pourrait sortir un peu pour prendre l'air. Et ça ne pouvait que lui faire du bien.

    Après avoir pris l'ascenseur pour monter au dernier étage, celui des bureaux, Yun conduisit Roan jusqu'au sien, qui lui avait été attribué par sa supérieure depuis quelques heures. C'était un bureau vide et propre ne contenant rien d'autre que des fournitures ainsi que le dossier de Roan. Elle avait invité son patient à s'asseoir, avant de s'asseoir à son tour sur son fauteuil. Honnêtement, elle était encore moins à l'aise que ce midi. Et elle le cachait très mal.

    « - Bon.. j'ai prévu de te poser quelques questions. Je ne t'obligerais pas à y répondre en revanche.. tu as le droit de ne rien dire. On va juste commencer doucement.. »

    Elle commença par des questions plutôt banales, comme «as-tu des frères et soeurs ?», «étais-tu bon élève à l'école ?», «étais-tu plutôt du genre à avoir beaucoup d'amis ?», «t'es-tu fait des ennemis ?», et «as-tu eu un accident particulier ?» afin de tenter de déceler la raison pour laquelle ces quatres identités sont apparues. Puis elle attaqua avec des questions plus importantes.

    « - Pourrais-tu m'en dire un peu plus sur tes identités ? Ce que tu connais sur elles ? »
    à 22:22 le 29/01/2018
    Une journée de plus dans cet enfer et Aden deviendrait fou. Il ne supportait déjà que très peu avoir moins de contrôle sur les identités, alors si en plus on ne permettait pas à Roan de pouvoir sortir de sa cellule… Il ne comprenait pas. Ni même Daegan ou Cyriel. Roan était héritier d’un empire, il devrait normalement avoir plus de privilèges que les fous-allier de cet asile. Oui parce que pour lui c’était asile, et il n’y avait pas sa place. Une maison de repos à la limite. Et Daegan se plairait à y voir des infirmière prendre soin de lui. Cyriel pourrait leur offrir tout son amour tandis que la dernière identité réclamerait juste plus de sortie en plein air.

    « Assez ! »

    L’héritier tenait sa tête, agrippant ses cheveux bruns de ses mains. Il ne supportait pas de les entendre. Il savait qu’ils étaient là, il pouvait même communiquer avec eux, et le pire de tous restait Daegan, lui était incontrôlable et lorsque les émotions du jeune homme étaient trop puissante pour lui, alors il prenait naturellement possession de son corps. Eux disaient être là pour le protéger des autres. Car il est spécial et qu’on lui voudrait certainement du mal. Le jeune homme chassa toutes voix, toutes présences, et enfin le calme domina la pièce. Alors il se leva de ce lit inconfortable et tourna en rond dans la cellule, faisant les cents pas.

    Le temps était-il agréable dehors ? Il se souvenait encore de son arrivé au Japon. Un avion privé réservé par son père, une voiture noire et des gardes du corps venus pour l’escorter jusqu’à l’hôpital. Comme il était sur une île de l’archipel, il se fit déposer par un hélicoptère. Devant sa cellule, deux gardes surveillaient, des patients arrivaient facilement à sortir des leurs et ce n’était pas le moment que quelqu’un ose toucher à l’un de chez cheveux. Et même si cela était possible, Roan avait bien trop de force pour qu’on puisse réellement l’atteindre. Alors il était isolé, il ne communiquait avec personne, pas même avec les gardes. Seul Aden parvenait à s’échapper la nuit, pour faire un tour et voler des choses à grignoter dans les distributeurs. Et le lendemain Roan se réveillait avec des barres de chocolats cachées sous son oreiller.

    Vivre ainsi était peu supportable et sans sédatif, il était dur de le maintenir. Ils s’y prenaient à plusieurs, lorsqu’il lui arrivait de faire des crises.

    « - R-Roan, c'est bien ça ? C'est moi qui vais te suivre à partir d'aujourd'hui. Je suis Chang Yun. Une stagiaire en psychiatrie. Je ne suis donc pas forcément la personne la plus apte à résoudre ton cas, pourtant, j'ai décidé que je le ferais.. mais avant tout.. »

    Quelqu’un passa la porte de sa cellule, accompagné d’un garde du corps qui referma la porte aussitôt, les laissant seuls. Les identités « dormaient » dans le corps de Roan qui était alors seul avec celle qui se prénommait Chang Yun, et qui disait être sa nouvelle psychiatre. Elle avait du cran de venir là où tous les autres avant elle avaient échoué. Mais il n’avait plus rien à perdre si ce n’était du temps. Et dans cette prison, il avait toute sa vie devant lui, pour peu qu’Aden parvienne à quitter l’île… Il remarqua alors qu’elle déposait une arme plus loin. Un taser. Prévoyante également. Il était un grand observateur et comprit rapidement qu’elle avait du lire son dossier avant de venir le voir, ce qui semblait tout à fait logique. Lui ne connaissait pas l’étendu de sa force, il ne savait même pas si une décharge électrique ne lui procurerait pas juste quelques fourmillements. Mais il passa outre, regardant plutôt le visage doux de la demoiselle. Lui était très calme tandis qu’elle semblait mal à l’aise. Sans doute le fait d’être confrontée à un patient « particulier. »

    « - H-Hum.. avant de te poser des questions, je t'autorise à m'en poser en premier. C'est important de connaître la personne qui va te suivre, n'est-ce pas ? Tu peux me demander ce que tu veux. Les questions aux réponses les plus inutiles sont les bienvenues. Mon âge.. mon rêve.. ma couleur préféré.. tout ce qui te passe par la tête. D'accord ? »

    Il ne répondit pas. Ne voulant pas lui facilité la tâche. Il n’était pas capable de faire confiance aux personnes si aisément, et puis surtout s’il s’agissait d’une stagiaire, elle pourrait ne faire qu’empirer son cas, déjà qu’il était dit comme incurable, il ne valait mieux pas engendrer pire situation. Cyriel aurait certainement chercher à la séduire, lui parlant avec des mots doux, la complimentant sur sa jolie couleur de cheveux. Daegan ne serait pas passé par quatre chemins pour lui dire qu’elle lui plaisait tandis que Aden lui, l’aurait manipuler d’une façon ou d’une autre pour pouvoir sortir. Quant à l’héritier, lui restait silencieux, l’observant et regardant en même temps le plateau qui contenait apparemment son repas. Mais la nourriture était immangeable. Et il ne comptait pas laisser entrer une bouchée dans son estomac.
    Alors il détourna simplement le visage de ce plateau empoisonné reportant son attention sur la jeune femme qui n’avait cessé de le regarder. Oui elle était très jolie, belle même. Elle était jeune aussi, ça changeant des vieux croûtons qui avaient passé cette porte il y a encore quelques mois. Oui parce que le cas de monsieur Clinton n’était plus suivi depuis longtemps, son cas était bien trop complexe pour les spécialistes de l’établissement hospitalier et il avait entendu dire que le français qui l’avait à charge ne donnait plus de signe de vie.

    Où était-il passé ? Pourquoi l’envoyer dans cette prison ? Pourquoi ne plus être en charge de son dossier ? Il était le seul à avoir pu rencontrer toutes les identités, même Swan qui n’était probablement plus dans ce corps. Mais il avait apparemment disparu, alors les psychiatres retournaient à la case départ, sans plus d’informations sur son dossier. Il fallait dire que Roan ne les aidait pas non plus. Il ne voulait faire aucun effort car tous étaient selon lui, incompétent. Mais cette jeune femme avait le cran de reconnaître qu’elle n’était que stagiaire et que ce serait alors difficile de s’occuper de son cas. Il devait certainement susciter son intérêt pour qu’il puisse constater dans son regard, une lueur de détermination.

    « Je pose souvent cette question à ceux qui tentent de s’occuper de moi. Pourquoi ? »

    La question paraissait certainement idiote, mais il était important pour lui de savoir à quoi il devait s’attendre avec cette stagiaire, et surtout s’il pouvait lui faire confiance. Son cas n’avait rien d’intéressant à ses yeux, il était même plutôt effrayant. Alors lui mentir à ce sujet ne ferait que le braquer davantage. Il scrutait le visage de la demoiselle, attendant une quelconque réaction négative en vue de cette question. Elle pouvait même perdre courage immédiatement, il le comprendrait, mais si elle voulait tenter de devenir son psychiatre, alors il la laisserait faire, ne l’aidant pas pour autant. C’est en ne donnant aucune clé à quelqu’un qu’il est capable de trouver plus encore que la serrure à ouvrir.

    « Je ne suis pas un monstre, ni fou comme on le laisse entendre dans cette prison. Mais je suppose que ce n’est pas à moi d’en juger… D’où viens-tu ? Et qu’est-ce qui a fait que tu as voulu devenir psychiatre, et plus encore travailler ici ? »

    C’était intéressent pour lui de savoir ce qui motivait un médecin de s’occuper de patients. Il n’y avait rien de facile dans cette tâche, et pour lui c’était important de savoir pourquoi lui plus qu’un autre surtout. Il avait déjà fait un grand pas en s’intéressent à elle. Il fallait dire que cela faisait plusieurs mois qu’il ne recevait plus de visites du personnel, que personne ne voulait prendre son dossier. Alors cette jeune femme l’intriguait beaucoup, d’autant plus qu’elle n’était pas psychiatre à proprement parlé mais plutôt stagiaire dans l’hôpital.

    Il était certain qu’elle n’aurait pas tout de suite sa confiance, mais peut-être était-ce là un bon début pour commencer.
    à 11:17 le 29/01/2018
    « - Yun, peux-tu aller me chercher un café, s'il te plaît ? Et tu rangeras les dossiers des derniers patients aussi après avoir terminé la dernière tâche que je t'ai demandé !
    - Oui, madame »

    Fais ceci, fais cela. Yun, tu dois en avoir marre d'obéir à cette vieille bique, non ? Depuis quand es-tu stagiaire ici, en plus ? Bêêêh oui, 5 mois.. 5 mois, et tu ne peux mêêême pas t'approcher des patients. Tes journées se résument à classer ou à trier des dossiers, à faire du café pour la vieille peau, ou encore à délivrer le courrier au personnel. Tu dois bien t'ennuyer, non ? Bêêêh, Yun.. pourquoi tu ne me réponds pas ? Tu sais, je vais t'apprendre quelque chose ; cette femme cherche certainement à ce que tu deviennes plus indépendante. Tu crois vraiment qu'elle veut te laisser te la couler douce comme ça ? Elle veut que tu t'affirmes, et que tu prennes l'initiative. Evidemment, tu ne m'écoutes plus, hein.. bêêêh, Yun, Yun, Yun ! Allo ?

    La jeune fille ne l'écoutait pas. Elle essayait de ne pas l'entendre. Pourtant, elle ne pouvait pas faire autrement. Elle l'entendait, mais elle faisait abstraction. Ou plutôt, elle faisait de son mieux pour. Mais ce n'était pas facile. Sa voix était insupportable, et même après 22 ans, elle avait du mal à s'habituer à ses voix qu'elle entendait, et à ce mouton qui dansait devant elle pour la faire réagir, et attirer son attention. Parfois ce mouton s'amusait à chanter pour qu'elle ne puisse pas entendre sa supérieure, ou d'autres personnes qui lui parlent. Il faisait tout pour agacer Yun. Il faisait tout pour qu'elle s'occupe de lui. Il était comme un animal en quête d'affection.. et pourtant, ce n'était qu'un diablotin ayant pour mission de rendre Yun complètement folle.

    Effectivement, depuis 5 mois, Yun était stagiaire dans un hôpital psychiatrique du Japon, et plus précisement à Hashima, une île du pays où y a été construit ce grand hôpital reconnu pour ses avancées technologiques, et son personnel célèbre dans le milieu de la science psychologique et psychique. Une grande île où personne ne peut s'échapper, car les seuls bâteaux qui y passent sont pour fournir tout ce dont a besoin l'hôpital ; fournitures, vivres, et courriers, bien que l'hôpital privilégie surtout les mails, pour des raisons évidentes. L'île est également composé d'une grande résidence pour le personnel. En somme, c'est une île fermée et privée, dont l'hôpital n'accueille que les cas les plus avancés de malades mentaux, et dont les visites sont interdites.

    Cette île est une prison.

    Après ses études de psychologie, Yun est devenue stagiaire dans un petit hôpital de Tokyo à l'âge de 21 ans, puis après avoir entendu parler d'Hashima, elle décida de contacter l'hôpital pour s'y faire transférer. Pour quelle raison ? C'était évident. Hashima est l'hôpital le plus reconnu du Japon, celui qui retient des perles rares. Et c'est ce qui pourrait permettre à Yun de se sentir moins seule dans son cas. Peut-être de se sentir moins folle. Peut-être que de savoir qu'il y a pire qu'elle la rassurait quelque part. Peut-être qu'en étudiant les cas d'ici, elle pourrait trouver un moyen de se soigner. Elle ne savait pas réellement ce qu'elle faisait, mais elle le faisait. Avec conviction.

    Yun avait commencé à ranger de nouveaux dossiers. Ce n'était pas vraiment de nouveaux dossiers à proprement parler, mais plutôt des dossiers «spéciaux» qu'elle n'avait pas eu le droit de toucher avant. Les dossiers des patients les plus.. fous de l'hôpital. Les plus atteint. Les plus malades.

    Tu veux lire, n'êêêst-ce pas ? Tu veux ouvrir l'un de ses dossiers, et voir à quel point tes problèmes sont insignifiants à côté ? Comme tu es méchante Yun. Le malheur des autres fait ton bonheur, en fait, c'est ça ? Tu te sentiras rassurée, si quelqu'un a une vie pire que la tienne ? Quelle fille horrible. Quel monstre. Tu es un monstre Yun !

    « - Par pitié, tais-toi !!! »

    Elle s'était bouché les oreilles, accroupie au sol dans le bureau contenant les dossiers de tous les patients. Elle détestait ces voix. Elle les haissait plus que tout. Son mal de crâne la rattrapait tout le temps. Une seule solution à ça. Elle s'était relevé et avait fouillé dans sa blouse pour prendre des médicaments, et les avaler d'un coup. Elle en avait besoin. Pour sa tête. A cause des voix.

    Et puis elle avait rangé tous les dossiers à leur place. Sauf un. Le dernier, qu'elle s'apprêtait à ranger aussi. Pourtant, quelque chose attira son attention.

    « Clinton Roan - Trouble dissociatif de l'identité - CP »

    CP voulait dire Capacité(s) Psychique(s). Quelque chose de trop peu de personnes possédaient. Quelque chose de beaucoup trop rare. Quelque chose d'effrayant à lire. CP. Yun avait ouvert le dossier après s'être installé sur une chaise, pour en apprendre plus sur ce fameux Clinton Roan.

    « Héritier d'un empire économique. Il a été interné pour la première fois dans le meilleur hôpital psychiatrique des États-Unis à l'âge de 21 ans pendant 1 an, après que son cas ait été étudié par des médecins et spécialistes. Il a plusieurs fois tenter de fuir l'hôpital. Il s'est isolé, ne souhaitant pas cotoyé les autres patients. Il n'accordait pas non plus sa confiance aux médecins, ni à personne. Il refusait de prendre les médicaments qu'on lui donnait.
    Il fut transféré dans un autre hôpital du Canada à l'âge de 22 ans, sans succès.
    Il fut à nouveau transféré dans un autre hôpital, cette fois-ci en France. Le psychiâtre le plus célèbre du pays affirma que Roan souffrait d'un trouble dissociatif de l'identité. Il a quatres identités.
    Concernant ses capacités psychiques, Roan possède une force surhumaine, un système immunitaire supérieur, et est atteint d'hypermnésie.
    Après une consultation chez un hypnothérapeute, le cas de Roan devint plus violent, plus incontrôlable, et plus dangereux.
    Il fut aussitôt transféré dans l'hôpital d'Hashima, au Japon.
    Nous n'avons pas plus d'informations concernant ses quatres identités. Cas en cours d'étude »

    Comme c'est intéressant. Alors ? Tu es contente de voir qu'il y a quelqu'un de plus monstrueux que toi, Yun ? Bêêêh !

    Elle ne l'écouta pas, elle ferma le dossier sans le ranger. Elle le garda avec elle, puis claqua la porte du bureau pour trouver sa supérieure. Le cas de ce Roan semblait simplement passionnant. Il serait intéressant de l'étudier. Parce que son cas était complètement fou. Parce que, peut-être qu'effectivement, ça la réconfortait de savoir qu'il y avait de pires problèmes que cet ignoble mouton. Peut-être que Yun était une horrible personne. Peut-être. Mais tant pis.

    « - Yun ? Tu as terminé ton travail ?
    - Madame, y'a-t-il déjà quelqu'un qui s'occupe du cas de Clinton Roan ?
    - Ahh, toi, tu as lu son dossier ! Non, ceux qui s'occupaient de son cas ont abandonnés. Monsieur Clinton est le genre de patient qui ne guérira jamais, et qu'on gardera ici pour toujours, s'il n'arrive pas à cohabiter avec ses fameuses identités. On ne peut pas le soigner. Les progrès scientifiques ne sont pas assez avancées pour son cas.
    - Alors vous allez le laisser comme ça.. ?
    - Ne fais pas cette tête ! Ce n'est pas rare que les malades mentaux soient obligés de vivre dans un hôpital pour toujours. C'est comme ça, on y peut rien. Le seul spécialiste qui a vraiment étudié son cas vient de France, et il n'a rien mentionné dans le dossier du patient. Et il est introuvable.
    - Il suffit d'étudier à nouveau son cas, alors ! »

    Yun avait haussé le ton, parce qu'elle ne comprenait pas qu'on puisse abandonner les patients, sous prétexte qu'il n'y avait rien à faire. Il y avait toujours quelque à faire. Il DEVAIT y avoir quelque chose à faire. Yun aussi était folle. Yun aussi n'avait aucun moyen de se soigner. Mais elle ne devait pas abandonner. Parce que si elle abandonnait, alors elle devrait vivre avec ce mouton pour toujours. Et oh que non, elle ne souhaitait pas une telle chose. Abandonner n'était pas dans ses projets. Elle se le refusait. Que ce soit pour elle.. ou pour d'autres. Voyant cette lueur de détermination dans ses yeux, sa supérieur ne put s'empêcher de sourire.

    « - C'est bien d'être jeune, et optimiste ! J'attendais que tu prennes l'initiative. Je suis contente que ce cas t'intéresse autant. Occupes-en toi bien ! »

    C'est ainsi que le cas de Roan fut attribuée à Yun, qui put obtenir les clés de sa «cellule». Elle devait commencer par imaginer un plan. Son problème principal, c'était ses quatres identités, qui rendait Roan fou, et qui provoquaient en lui des trous noirs, des phases d'absence, et l'impression d'être un monstre. N'ayant rien d'écrit dans le dossier concernant ses quatres identités, il fut logique pour Yun de commencer par apprendre à les connaîtres. Mais avant tout, elle devait se présenter à Roan, et lui donner des raisons convaincantes pour qu'il fasse confiance à sa nouvelle psychiâtre, celui-ci n'accordant appartemment sa confiance à personne. Elle devait alors commencer à ouvrir le dialogue avec elle.

    Le dialogue. C'était important. Mais Yun n'était pas une experte pour ce qui était de s'exprimer. Surtout si ce mouton décidait de parler en même temps. Elle le fixa, ce qui rendit l'animal complètement fou. Il semblait content.

    « - Tu me regardes enfin !! Yun ! Tu as vu que j'avais raison ! Elle voulait que tu prennes l'initiative ! Bêêêh, c'est grâce à moi si tu peux enfin devenir psychiâtre ! Remercie-moi... ?
    - Je te remercierais à une seule condition.
    - Dis toujours.
    - Tais-toi. Ne dis plus rien lorsque je parlerais à mon patient à partir de maintenant. J'ai besoin d'être concentrée.
    - T'en demande beaucoup, petite idiote. Je ferais un effort pour aujourd'hui, mais certainement pas pour demain »

    Elle soupira. C'était si difficile de cohabiter avec un mouton. Mais alors cohabiter avec quatres identités ? Impossible. Elle devait résoudre le problème de ce pauvre jeune homme. C'est pourquoi elle ne perdit pas de temps. A la pause déjeuner, elle se chargea de ramener la nourriture à Roan, accompagnée d'un garde du corps. C'était la première fois qu'elle put traverser le couloir «des enfers». C'était ainsi qu'on l'appelait. Parce que ce couloir était parsemé de cris, de hurlements à la mort, de bruits et de sons malsains, de plaintes, de pleurs, et de cognements. Yun ne se sentait pas si mal que ça pour autant. Bien sûr, elle se sentait mal à l'aise. Surtout lorsque les patients la remarquaient, et lui adressait de drôle de mots.

    « - Poulette, donne-moi à manger !
    - Eh ma mignonne viens là, j'ai besoin d'un peu d'amour...
    - C'est pour mooooi la bouffe ? C'est pour moooi !?? »

    Bon nombre des femmes passant ici devaient endurer ce couloir. Heureusement, des femmes, il n'y en avait pas beaucoup. Beaucoup avaient déguerpis d'ici pour travailler ailleurs. Beaucoup ne supportait pas ce couloir, et l'ambiance de cet hôpital. Peut-être que Yun aussi, finalement, ne supporterait pas cet endroit. Mais il y avait peu de chance pour que cela arrive. Parce que Yun avait appris à supporter ce mouton, elle pouvait supporter n'importe quoi.

    Elle s'était arrêté devant la « chambre » de son patient avec l'homme armé. Celui-ci avait ouvert la porte pour laisser entrer la jeune stagiaire, avant de refermer derrière elle. Dangereux ? Oui, peut-être. Mais c'était pour cette raison qu'on lui avait demandé de garder un taser sur elle. Parce qu'on ne pouvait jamais prédire le comportement d'un malade mental.

    Elle avait posé le plateau sur la petite table, avant d'avoir bien regardé son patient. Il était brun, il avait l'air grand, et tout à fait normal. Il avait simplement l'air d'un jeune homme de 24 - 25 ans. Il était à peine plus âgé qu'elle, alors peut-être que ce serait plus facile pour lui de parler avec elle. Peut-être pourrait-il accorder un peu de confiance envers une «semblable».

    « - R-Roan, c'est bien ça ? C'est moi qui vais te suivre à partir d'aujourd'hui. Je suis Chang Yun. Une stagiaire en psychiatrie. Je ne suis donc pas forcément la personne la plus apte à résoudre ton cas, pourtant, j'ai décidé que je le ferais.. mais avant tout.. »

    Elle avait sorti son taser de sa poche pour le poser plus loin. Porter une arme n'était pas une bonne idée, si elle voulait que son patient lui fasse confiance. Si elle voulait qu'il lui fasse confiance.. alors elle devait lui faire confiance en premier. Elle ne devait pas se méfier de lui, et le prendre pour un animal sauvage. Elle s'était alors assise sur une chaise.

    Wow wow wow, Yun, t'es bêêête ou quoi ? S'il te saute dessus pour t'égorger, tu feras comment pour résoudre son problème ? Bah tu pourras pas ! Parce que tu seras MORTE ! Et même si tu sais à peu près te battre - parce que grâce à moi tu as envoyé des camarades de classe à l'hosto étant petite - bêêêh tu pourras rien faire contre quelqu'un de sa carrure ! Sans oublier qu'il a une force surhumaine à priori ! T'as lu son dossier, non ? Imprudente !

    Elle n'écoutait pas.

    « - H-Hum.. avant de te poser des questions, je t'autorise à m'en poser en premier. C'est important de connaître la personne qui va te suivre, n'est-ce pas ? Tu peux me demander ce que tu veux. Les questions aux réponses les plus inutiles sont les bienvenues. Mon âge.. mon rêve.. ma couleur préféré.. tout ce qui te passe par la tête. D'accord ? »

    Yun était loin d'être à l'aise. Parler. Dialoguer n'était pas ce qu'elle savait faire de mieux. Mais grâce à sa bienveillance et à sa douceur, peut-être réussirait-elle à obtenir sa confiance.

    Peut-être.
    à 01:13 le 29/01/2018
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