SailorFuku est un jeu de mode où tu incarnes une jeune lycéenne, dans la ville de SailorCity, au Japon.
Rencontre d'autres joueuses, évolue dans ta carrière et drague les personnages de ton choix !

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    unreal
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    Date de création :
    le 01/08/2017 à 21:24

    Présentation
    Modifié le 30/09/2018

     

    [Bi]Rouge...
    Comme le beau coquelicot qui vient de fanerComme le danger qu'il doit tous les jours affronterComme le feu dans lequel il aimerait se jeterComme le sang chaud qui coule de son nez
    [Bi] Orange...
    Comme les feuilles d'automne en train de mourir Comme une citrouille d'Halloween que l'on force à sourireComme les fruits exotiques d'une île où il aimerait s'enfuir Comme la couleur de ses cheveux dont les gens aiment rire
    [IB] Jaune...
    Comme le Soleil brûlant qui a cessé de briller sur lui Comme le sable mouvant sur lequel il poursuit sa vieComme ce champ de blé où, seul, il se réfugieComme ce rire faux qu'il lâche pour retenir son cri
    [BI] Vert... 
    Comme un trèfle à quatre feuilles qui pourrait peut-être l'aiderComme ses yeux dont les larmes ne font que s'échapperComme l'herbe boueuse dans laquelle on l'a pousséComme la nausée qui le prend après les coups encaissés
    [BI] Bleu...
    Comme l'Océan dans lequel il voudrait se noyerComme les tâches douloureuses sur son corps écorchéComme le jean de ces enfants qui s'amusent à le frapperComme son visage apeuré lorsqu'il les voit approcher
    [BI] Violet...
    Comme le cocard tracé autour de son œilComme la baie empoisonnée que grignote l'écureuilComme ses lèvres lorsqu'on l'a retrouvé inerte sur un tas de feuillesComme les magnifiques fleurs déposées sur son cercueil.

     

     

    Caroline et moi nous nous connaissions depuis toujours. Elle habitait tout près de chez moi, ce qui était assez pratique pour s'inviter l'une chez l'autre. Ma mère, qui la chérissait presque autant que moi, lui répétait souvent qu'elle faisait partie de la famille et qu'elle pouvait venir à la maison quand elle le souhaitait. Nous étions comme des soeurs, deux amies inséparables qui se soutenaient même dans les moments les plus terribles que nous offrent parfois la vie. Et pourtant, nous possédions à notre compte une multitudes de différences, à commencer par le plan physique. En effet, elle avait la particularité d'être très grande et à ses côtés, je paraissais aussi petite qu'un nain de jardin. Ses cheveux lisses étaient bruns, coupés très courts avec quelques mèches folles débordant sur son front contrairement à moi qui les avaient blonds et plutôt longs. Caroline avait le teint mat et ce même sourire aimable constamment collé au visage. Oui, celui qui donnait toujours de la bonne humeur. Au contraire, j'avais moi une mine terne avec de grosses cernes sous les yeux, comme si le monde m'exaspérait.

    Caroline était sociale, j'étais renfermée. Tout le monde l'aimait, on n'ignorait mon nom. J'étais juste "l'amie de Caroline", mais cela me convenait parfaitement.

    Elle adorait par-dessus tout les folles expériences et se faire de petites frayeurs. Et, je me souvins - comment peut-on oublier quelque chose comme cela ? - de cette nuit... Celle qui détruisit ma vie, celle qui me détruisit.

    Il y avait cette maisonnette en bois qui se dressait dans notre lotissement, un peu isolée des autres maisons. Une vieille bâtisse qui se décomposait chaque jour de plus en plus. Elle était là, derrière cet immense portail noir grinçant, avec ses fenêtres brisées et son toit en métal rouillé. Elle inspirait la crainte et semblait être tout droit sortie d'un film d'épouvante. On lui attribua très vite le titre de "maison hantée" et de nombreuses rumeurs commencèrent alors à émerger. La plus répandue était une histoire tragique, celle de M. Varber, un veuf qui tenait à son enfant plus qu'à sa propre vie.

    Selon la légende, un soir, des criminels s'introduisirent dans la maison du pauvre homme et kidnappèrent sa précieuse fille. Ne pouvant supporter la perte des deux femmes qu'il aimait le plus au monde, il mit fin à ses jours. On prétendait alors que les propriétaires qui avaient par la suite acheté à la maison s'étaient un jour volatilisé sans laisser de trace, soi-disant enlevés par le fantôme de Mr. Varber...

    Un jour, Caroline, qui semblait fascinée par cette histoire, me proposa d'aller visiter la fameuse maison hantée. Au début, y aller n'était pas du tout mon attention. Je me fichais bien de toutes ces histoires, moi qui ne croyait pas au surnaturel. Mais elle me força la main, et suite à un long débat quant à l'existence des "esprits", elle déclara :

    " Et bien, si les fantômes n'existent pas, pourquoi ne veux-tu pas y aller ? Et puis, ce sera l'occasion d'enfin savoir qui a raison. "

    Comme je regrette, aujourd'hui, d'avoir eu jadis ce besoin d'avoir toujours raison...

    Nous nous rendîmes donc à la maison hantée, un soir où la lune était cachée par de gris nuages. Un ciel qui annonçait déjà l'ambiance, avec ce silence profond qui s'étendait dans le quartier endormi.

    Je me souvins du grincement strident que faisait le portail, les mauvaises herbes ornant l'entrée de la maison, cette porte noire que personne n'avait poussée depuis des lustres...

    Puis, avec beaucoup d'excitation, nous rentrâmes à l'intérieur. Il n'y avait hélas pas la lumière du soleil pour nous éclairer, Caroline alluma donc sa lampe de torche et nous commençâmes notre périple. Nous marchions dans le noir, l'une à côté de l'autre. De sa lampe, elle inspectait chaque recoin de la première pièce que nous visitions, à l'affut d'un quelconque phénomène étrange. Je me contentais moi de soupirer les bras croisés.

    " Tu vois, il n'y a rien " affirmai-je régulièrement d'une voix lassée.

    Mais rien ne pouvait la faire changer d'avis, elle était comme enfermée dans une bulle impénétrable. Je savais bien qu'elle ne se décidérait jamais à quitter la maison avant que quelque chose de paranormal ne se soit passé.

    Les portraits effrayants qui nous intimidaient, les murs en bois rongés par les mites, les courants d'air glacés qui nous parcouraient et le son atroce du parquet qui craque ne lui suffisaient donc pas ?

    Alors que nous nous apprêtions à entrer dans la cuisine, un battement sourd se diffusa jusqu'à nos oreilles... Nos deux coeurs s'étaient alors mis à battre la chamade, mais pour deux raisons distinctes. C'était une angoisse qui prenait possession de moi tandis que Caroline était tout simplement excitée, voire joyeuse.

    Le bruit venait de l'étage...Ou bien des escaliers ? Ce n'était pas important, le principal était qu'il y en avait eu un. Et il se reproduisait, encore et encore, ce qui faisait clairement penser à des pas.

    " Il y a quelqu'un en haut...! Le fantôme de Varber !! me chuchota-t-elle en souriant à pleine dents.

    - N'im...n'importe quoi. Ça doit être des souris, ou des rats. Ils aiment particulièrement les endroits abandonnés, là où il n'y a personne pour les déranger, répondis-je pour tenter de la raisonner.

    - Et bien, allons voir." me proposa-t-elle.

    Cette solution ne me plaisait pas du tout, je me mordis même la lèvre par panique ! Mais pour garder ma fierté je la suivis quand même. Au fur et à mesure que nous continuions notre chemin, les mystérieux battements, tout comme ceux de mon coeur, résonnaient encore plus forts.

    Puis à un certain moment, la situation était trop intense pour moi. Je pris mon courage à deux mains, ou plutôt à une, avec laquelle je tirai la veste de Caroline qui s'arrêta brusquement.

    " Et...si...Et s'il y avait vraiment quelqu'un..? lui demandai-je d'une voix affolée.

    - Ce serait génial ! s'exclama-t-elle comme si tout était normal.

    - Mais...mais..S'il nous veut du mal ?

    - Pff, t'inquiète pas ! On se met à courir et puis c'est tout ! "

    Son plan sonnait faux, mais son assurance me poussa à la faire confiance. Nous traversâmes quelques sombres couloirs en esquivant les toiles d'araignée pour ensuite arriver devant les escaliers.

    " Elizabeth... Ma fille, c'est toi...? Tu es enfin revenue...? " murmura d'en haut, même si elle paraissait venir de nulle part, une voix suave et inquiétante.

    Ce n'était pas mon imagination, même si je l'aurais tellement préféré. Nous l'avions toutes les deux

    Même Caroline, qui était habituellement si courageuse, cria avec moi. Elle attrapa ardemment mon bras et prit la poudre d'escampette. Cependant, nous fîmes stopper dans notre élan lorsque son pied s'enfonça dans le parquet, créant un gigantesque trou. Et de là, oui de là... S'en échappèrent une centaines d'araignées petites...grandes... velues...aux longues pattes...s'éparpillant partout sur le sol... prêtes à nous attaquer !

    J'aidai, les mains tremblantes, mon amie à décoincer son pied puis tout de suite nous nous dirigeâmes vers la porte. Celle-ci, qui était restée grande ouverte, se referma brutalement sur nous, comme pour nous enfermer dans une prison sans issues. Nous nous jetèrent sur la poignée. Mais à notre plus grand désespoir, la porte ne s'ouvrait plus. Comment avait-elle pu se fermer à clé ? Comment ?! Pourquoi là, maintenant ? Était-ce la panique qui nous bloquait ? Forçait-on trop la poignée ? Ou bien, était-ce le fantôme de Mr. Varber ?

    Désespérées, nous nous assîmes par terre. Je réalisai alors que je pleurais, de chaudes larmes coulaient sur mes joues roses, elles qui étaient toujours si ternes...

    " Je...je suis désolée de t'avoir traînée là dedans. Tout ça, c'est de ma faute ! s'excusa-t-elle en larmes.

    - Non, c'est moi... J'aurais pas dû être si têtue...Tu avais raison ! répondis-je avec un pincement au coeur, Caroline ne s'excusait jamais.

    - Mais je vais causer notre perte !

    - Rien n'est perdu, tu sais..." sursurai-je avec un sourire niais.

     

    Mais de nouveaux bruits de pas vinrent me contredire, apparaissant comme le pire des cauchemars qui pouvaient m'arriver.

    Caroline appuyait répétitivement sur le bouton de sa lampe de torche pour la rallumer. Mais aucune lueur ne s'affichait.

    Nous étions dans le noir complet, l'une serrée contre l'autre. Nous entendions, dans les ténèbres profonds, la respiration d'un homme.

    " Ma fille...Ma fille...Elizabeth..." répétait-il en boucle, avec une voix si abîmée que l'on aurait dit qu'il agonisait.

    Soudain, la lampe torche s'alluma, nous offrant une horrible vue sur l'immonde tête du fantôme de Mr Varber ! Des yeux totalement blancs, un visage ridé, une bouche entrouverte avec un coulis de bave... Il attrapa par le col Caroline, qui, figée de terreur, n'osa pas se débattre.

    " Je suis tellement désolée, Lucie... Mais tu n'as pas à subir de mes erreurs."

    De ses derniers mots, elle me donna un grand coup de pied au ventre, tellement puissant que je m'évanouis. Tellement puissant qu'il détruit la vieille porte en bois, me libérant de cette prison. Une dernière vision de Caroline capturée par Mr Varber, son dernier sourire... Et puis le noir complet.

     

    Ce fut ma mère qui me retrouva inconsciente, le lendemain matin, devant la maison hantée. Elle m'emmena rapidement aux urgences et, une fois remise sur pied, des officiers de police vinrent à ma rencontre pour me poser quelques questions. Il ne servait à rien de mentir, je racontai toute l'histoire, même en sachant qu'ils ne me croiraient pas.

    Les jours s'écoulèrent lentement avec toujours aucun signe de Caroline... On me prenait pour une folle, oui, même mes propre parents !

    " Dis-nous ce qui s'est réellement passé. Ne t'en fais pas, je serais toujours de ton côté..." m'avait dit ma mère d'une voix chaleureuse mais tellement hypocrite.

     

    Je pleurai seule, sur mon lit d'hôpital. À tout jamais, j'avais perdu ma meilleure amie. Le monde me détestait, les gens me prenaient pour une folle, une menteuse ou même pour une tueuse...

    Je n'osai affronter le regard des parents de Caroline. Dans ce monde affreux, je n'avais plus aucun allié. Une enquête s'ouvrit et des agents du FBI inspectèrent la maison. Le verdict fut tranchant, douloureux même : aucune trace de notre visite dans la maison. Seuls nos pas à l'entrée avaient été détectés. La lampe de torche de Caroline avait également été retrouvée.

    On pensa à un enlèvement, à une fugue de Caroline que j'aurais pu couvrir... Mais je ne pouvais que renier les faits.

     

    Je suis maintenant dans un asile, cela fait deux mois que j'ai été internée. Maman dit que c'est pour mon bien, que ce ne sera pas pour longtemps. En réalité, elle veut seulement se débarasser de sa folle de fille. Mais jamais, non jamais, je ne modifierai la moindre information sur cette nuit-là. Et s'il faut que je reste à l'asile toute ma vie, et bien que j'y reste. Mais si un jour j'arrive à le quitter, je retournerai dans cette maison, je le jure. Oui, je retrouverai Caroline, coûte que coûte. Et s'il s'avère qu'elle est morte, je la vengerai. Et je mourrai avec elle.

     

    Dans le noir.

     

     

    Depuis combien de temps je reste cloîtrée là, dans mon coin ?

     

     

     

    Je ne sais pas.

     

     

    À vrai dire, je n'arrive plus à réfléchir.

    Mes pensées sont semblables à des quilles renversées par une boule de bowling, elles se bousculent entre elles et créent une confusion totale dans mon esprit.

    J'essaie, pourtant. Je m'efforce, je réfléchis.

    Mais rien ne me vient là, tout de suite.

     

     

    Il y a eu un grand bruit sourd, tout à l'heure, je me souviens...

     

     

    Un énorme vacarme, je vous le dis. J'ai presque pensé que la fin du monde c'était pour aujourd'hui.

    D'un seul coup, toutes les lumières de la maison se sont mises à clignoter comme des guirlandes emmêlées dans un sapin de Noël, avant de s'éteindre pour de bon.

    Il n'y a plus d'électricité depuis un moment maintenant. Les plombs ont sauté et le courant s'est comme volatilisé. Il s'est échappé, il m'a laissé tomber cet enfoiré !

    Je serais bien tentée de le remettre, hein,

    ce foutu courant. Mais forcément, dans cette terrible pénombre ça risque d'être contraignant. Il fait sombre, mon portable n'a plus de batterie. C'est la joie, youpi !

     

     

    Et puis, c'est qu'il commence à faire frisquet.

     

     

    La température a comme chuté d'un coup.

    Pourtant, j'ai bien pensé à fermer toutes les fenêtres, maman me l'a même rappelé avant de s'envoler pour une folle nuit avec son "nouveau" compagnon.

    Je ne sais plus trop, en fin de compte.

     

    Je sens tous les poils de mon corps se hérisser un à un, comme lorsque mon chat Grippy aperçoit le chien du voisin.

    Tiens, lui aussi m'a abandonné. J'aurais fortement apprécié l'avoir à mes côtés.

    Ses ronronnements m'auraient, à coup sûr, rassurer.

     

     

    Un silence lourd règne en maître dans toute la pièce, comme si le temps s'était soudainement arrêté.

     

     

    Je suis seule, figée telle une statue, dans l'un des recoins poussiéreux de ma chambre, les membres paralysés et mon téléphone dans les mains. (Ce qui est totalement inutile, je le conçois.) Je n'ose pas bouger un doigt, ne serait-ce que l'auriculaire, le "riquiqui" comme j'ai l'habitude de l'appeler.

    J'ai comme une grande envie de me réfugier sous mon lit, m'enrouler dans ma grosse couette pour m'endormir et oublier cette maudite nuit.

     

     

    Mais l'inconvénient, c'est qu'un parfum nauséabonde s'y dégage depuis un moment.

     

     

    Je ne saurais décrire ce que c'est.. De la moisisure..? Ou bien une odeur de cadavre ? J'en sais rien, j'ai l'impression d'avoir perdu chacun de mes sens en l'espace d'un instant.

    Je me suis habituée au froid mais c'est tout d'un coup un vent, non, une rafale glaciale qui vient faire frissonner tout mon corps.

    Je me sens comme nue sur une bord d'autoroute en plein mois de janvier !

     

     

    L'odeur est de plus en plus imposante, elle s'émane désormais dans toute la pièce.

     

     

    J'ai la gorge qui brûle comme un feu de camp. Imaginons que c'est un feu de paille, ça va vite passer. Ouais. Espérons.

    Mon estomac lui, s'étire comme un élastique qui va bientôt éclater.

    Mon ventre bout comme.. Les pâtes que j'ai mangé ce midi ! C'est bon les pâtes hein. Malheureusement, j'ai dans la tête l'image d'un immonde nid de vers et de larves gluantes qui s'agitent dans tous les sens... s'ajoute par la suite l'ignoble puanteur qui s'infiltre dans mes narines...

    L'acide vient racler ma gorge. Lentement... Pour bien évidemment faire durer la torture.

     

     

    J'ai juste envie de dégueuler sur le parquet, merde.

     

     

    J'ai dans la bouche un infâme goût de vomi qui ne veut pas s'estomper. Alors j'avale ma salive, ma répugnante salive. Encore et encore.

    Si fréquemment que bientôt, il se trouve que je n'en ai plus.

     

     

    J'en ai marre, putain.

     

     

    L'atmosphère est devenue irrespirable, ça me file la nausée. Il fait froid, j'avais fermé toutes les fenêtres pourtant. J'en suis sûre.

     

    Dans l'obscurité, je dinstingue diverses formes.. Oui... elles se mouvoient dans la pénombre...

     

    Non. Je déraille. Mon cerveau façonne des silhouettes imaginaires, c'est tout.

     

     

    Boum.

     

     

    J'ai la sensation que, dans mes veines..

    Le sang ne circule plus, il est complètement gelé. Mon coeur s'emballe, il explose tel des feux d'artifice dans le ciel. Je n'en peux plus, de cette tension. C'était quoi ce bruit ?!

    Je souffle et constate avec soulagement qu'il ne s'agit que de mon téléphone qui m'a glissé des mains.

     

     

    Elles sont si moites que ça ?

     

     

    Je les place devant mon visage et un sentiment étrange me transperce.

    Alors, je me les frotte. C'est bien trop épais pour être de la sueur. Trop épais, ouais.

    Je constate alors avec effroi qu'il s'agit de...

    " DU SANG !! "

     

    Dans ce silence insoutenable retentit mon cri terrorisé.

    J'ai les cheveux qui se dressent sur la tête.

    Mes mains ensanglantées se crispent.

    Mes dents claquent.

     

     

    Je ne contrôle plus rien.

     

     

    Elles m'ont entendues, les créatures, dans le noir. Elles n'attendent que ça, oui. Le cri d'une petite fille, toute seule, sans sa famille. Elles sont là, les créatures de la nuit.

     

    Je suis là aussi. Devant elles, à leur merci.

    Elles remarquent mes yeux paniqués... mes iris qui tentent de s'enfuir...qui se cognent en haut..en bas... à gauche..à droite.

     

    Dans le noir, elles jouent à ce jeu, depuis que maman est partie.

    Dans le noir, me tourmenter, ça les éclate.

    Dans le noir, elles attendaient que sonnent les douze coups de minuit pour enfin pouvoir agir.

     

     

    " Et bien maintenant, allez-y. "

     

    Avachie sur le canapé, j'ai les yeux rivés sur la télévision.

     

    Rien ne pourrait les détacher, je suis en pleine scène d'action et l'enjeu est de taille : est-ce que mon personnage préféré va mourir comme à chaque fois, dans chaque série ?

     

    Puis soudain, quelqu'un semble me jeter un mauvais sort : un écran blanc s'affiche et vient me détruire les yeux, eux qui s'étaient habitués à l'obscurité de la pièce.

     

    « 36 30, 36 30 Allô Père Noël ? 36 30, le téléphone du Père Noël ! » chantonne la voix d'un certain petit lutin.

    Oui, celui qui apparaît tous les ans dans la même pub agaçante.

     

    Et s'ensuit alors une dizaine de publicités remplies de joie, de bonne humeur et d'émerveillement, toutes centrées sur le même sujet : Noël.

     

    En attendant que ma série reprenne, je décide de méditer sur la question.

     

    Qu'est-ce que Noël ? Me vient alors en tête la même émunération : l'odeur nostalgique du sapin (si jamais on en a acheté un vrai et non un en plastique), le bon repas chaud (qui met un temps monstre à arriver), les guirlandes lumineuses et ce fameux faux Père Noël ornant les façades des belles maisons. (qu'on oubliera de retirer après les fêtes)

     

    Quoi, je n'aime pas Noël ? Bien sûr que si, j'adore recevoir des vêtements horribles (comme ce bonnet en peau de lapin reçu l'an dernier) que je ne porterais jamais, passer une longue soirée à attendre qu'elle se termine, avec le cri des petits enfants, les pleurs du nouveau-né et les discussions forts intéressantes des adultes !

     

    Sans m'en rendre compte, mes yeux rouges s'allourdissent. Doucement, ma tête penche sur le canapé, je ferme les yeux... Oh, je dors...

     

    Un brusque claquement de porte me réveille, d'un coup ! Une vague de froid envahit alors la pièce et me fait frissoner. Qu'est-ce qui a bien pu se passer ? J'appelle un à un mes frères et sœurs puis, mes parents. Personne ne répond, je commence alors à paniquer.

     

    Clac ! Un bruit d'assiette qui éclate me parvient de la cuisine. Il y a quelqu'un chez moi !

     

    J'attrape la télécomande en guise d'armes, ne sait-on jamais, si je la lance sur le cambrioleur, peut-être s'endormera-t-il dans les bras de Morphée. Je me dirige lentement, mais sûrement, dans la cuisine. Puis, arrivée à destination, j'allume la lumière : il n'y a personne.

     

    Mon cœur, qui gonflait déjà assez, s'apprête à éclater. Un rire nerveux sort de ma bouche.

    J'inspire, j'expire, je souffle...

    Bien sûr, ça doit être mon chat qui s'est faufilé dans la cuisine...

     

    Mon hypothèse se voit être rejetée lorsque je sens une main froide se poser sur mon épaule.

    Ce contact glacé me fait claquer les dents. C'en est trop, je pousse un cri strident ! Je me retourne, prête à attaquer, quand je réalise que j'ai laissé tomber la télécomande par panique. (ou à cause de mes mains moites, je n'arrive pas à réfléchir)

     

    Une femme se tient devant moi, tellement rayonnante qu'elle paraît iréelle. On dirait presque un...un fantôme ! Je secoue la tête pour chasser ses idées idiotes de mon esprit. Qu'est-ce que j'ai mangé aujourd'hui pour inventer quelque chose d'aussi ridicule ? Je ne dois pas avoir assez dormi. Je me frotte les yeux, me pince le bras mais rien : la femme est toujours là.

     

    « Bonsoir, jeune fille. Je suis le fantôme du passé, souffle l'entité.

    - Maman... c'est toi qui me fait une blague ? Questionné-je.

    - Non, je suis le fantôme du passé. Si tu ne me crois pas, viens, je vais te montrer quelque chose. » me propose-t-elle.

     

    J'ai envie d'hurler, pour que mes parents viennent à ma rescousse. Mais, j'ai beau essayé, aucun son ne sort de ma bouche.

    Voyant que je ne réagis pas, tellement suis-je figée de terreur, elle me prend la main. Nous repassons dans le salon, enfin elle me force à le faire, mais le décor paraît assez différent. Non, il a complètement changé.

     

    Je reconnais mon vieux canapé, changé depuis des années ! Et il y a aussi cette horrible tapisserie que mes frères et sœurs et moi avons ravagé en dessinant dessus. Et mon ancien chat, Princesse ! (qui est...mort ?)

     

    Mes yeux deviennent tout rond : comment est-ce possible ?

     

    « Observe » , m'ordonne le soi-disant fantôme du passé.

     

    Une petite fille à couettes intervient, entrant en courant dans le salon. Elle porte des lunettes de soleil en forme de coeur, ce qui lui donne un air assez particulier.

     

    « Le père Noël, le Père Noël, il est arrivé! » répète-t-elle avec la même surexcitation.

     

    À chacun de ses pas retentit un joli petit son, des clochettes étant accrochées sur ses chaussures. Tiens, ça me rappelle...

    Que je suis sotte, cette petite fille, c'est moi !

    Mon petit frère et mes soeurs, version miniature, accourent eux aussi dans mon ancien salon, se ruant vers le majestueux sapin.

    Ils déballent, le visage rayonnant, leurs cadeaux. Mon petit frère découvre un ballon de football, qu'il commence déjà à lancer partout.

    Ma petite soeur a le droit à une dinette, mon père l'aide à l'installer. Ma grande soeur reçoit beaucoup d'argent, avec lequel elle pourra s'acheter n'importe quoi !

    Et c'est à mon tour... Toute une panoplie de crayons de couleurs, pastels, peinture, feuilles et toiles pour dessiner et peindre ! C'est vrai qu'à l'époque j'adorais ça.

    Une délicieuse odeur s'infiltre dans mes narines, je me retourne et aperçoit ma mère (avec une toute autre coupe de cheveux) qui apporte le repas. Que j'aimerais m'installer avec toute ma famille pour y goûter...!

    Mais une autre main vient se poser sur mon épaule, pour me stopper dans mon élan.

     

    « Bonsoir, je suis le fantôme du futur. Observe.» me lance une autre de ses étranges apparitions en claquant des doigts.

    Le salon est redevenu normal mais l'ambiance est plus sombre.

     

    Les adultes discutent entre eux, les enfants, sur une autre table, s'occupent comme ils le peuvent. L'autre "moi du présent" est sur son téléphone, avec un air assez déprimé. Elle ne parle à personne, comme si elle était en face d'inconnus. Pourtant, c'est sa famille, c'est ma famille ! Il semblerait que nous ayions déjà reçu nos cadeaux. Mais ne croyant plus au Père Noël, nous n'avons plus le même émerveillement. Il n'y a plus cette surprise, cet empressement de découvrir ce qui de cache à l'intérieur des papiers cadeaux...

    Le repas se fait dans le silence, une atmosphère pesante règne dans le fameux salon. Pour le coup, ce Noël est vraiment horrible et pour rien au monde, je ne vivrais une soirée comme celle-là. Et pourtant, c'est ce qui m'attend pour toutes les années qui me restent à vivre !

     

    « Bonsoir, je suis le fantôme du présent. Et j'aimerais savoir, pourquoi n'aimes-tu pas Noël ? N'est-ce pas une belle soirée où toute la famille est, pour une fois, réunie au complet ? C'est l'occasion de reprendre des nouvelles de tes proches que tu n'as pas vu depuis des années !

    Pourquoi ne pas aller leur parler, plutôt que de rester sur ton téléphone comme tu le fais déjà tous les jours ? Noël est un jour très spécial qui ne se déroule qu'une fois dans l'année, il faut donc en profiter au maximum. Réfléchis-y bien, sur ce je te souhaite un merveilleux Noël ! » dit le dernier fantôme avant de disparaître.

     

    J'ouvre alors les yeux, et je suis de nouveau sur le canapé, devant la télévision. Tout comme je me suis endormie hier soir. Était-ce un rêve ?

    Si c'est le cas, pourquoi mon esprit inventerait une histoire aussi tordue ? J'attrape, comme s'il s'agissait d'un réflexe, mon téléphone.

    « 08:30, 24 décembre. »

     

    Je soupire et décide de l'éteindre pour la journée.

    Puis, je me retourne, et regarde un moment le sapin.

    Il n'a pas encore été fait. Je me dirige vers le garage pour récupérer les vieilles décorations de Noël de l'an dernier. En passant, j'aperçois un dessin très ancien du Père Noël, fait à la pastel, posé sur une tonnes d'autres dessins.

    Je souris naïvement et retourne dans la salle pour habiller notre cher Sapin.

    (recueil de textes novembre et décembre)



    Le papillon.

    Un sourire rayonnant, des yeux pétillants et des cheveux virevoltant au gré du vent.

    Elle était ce papillon blanc qui annonce le beau temps.

    C'était ce genre de filles que le monde admirait.

    Le genre de filles qu'on haïssait en secret.

    Jamais elle ne s'était proclamée parfaite et était bien consciente de ses défauts. Mais tous ces compliments lui montaient à la tête, aussi rapidement que son ego.

    Sa vie de rêve n'était qu'une illusion.

    Le papillon, après avoir regagné raison, aurait fait n'importe quoi pour retourner dans son cocon.

    Le papillon qui vole est fragile, une fois qu'on a touché à ses ailes, remonter est bien difficile.

    Je ne puis compter le nombre de fois où ses ailes ont été brisées. Le papillon n'est plus coloré, son esprit s'est désormais envolé.

    Pour les gens, elle était ce qui se rapproche le plus de la perfection. Mais elle n'était au fond qu'une misérable chenille déguisée en papillon.




    Automne & Hiver.


    Automne est simplette mais pleine de vie.

    Hiver est discrète et incarne la mélancolie.

    Comme la pluie sans fin qui s'abat sur la ville, Automne est brusque et audacieuse.

    Telle la neige sur le chemin de ton domicile,

    Hiver est douce et gracieuse.

    Automne possède un regard vif. Les yeux étincelants d'un renard rusé, marron noisettes et amusés.

    Celui d'Hiver est inexpressif, elle a les yeux gris d'un loup solitaire, clairs, mais comme éteints pour l'éternité.

    Les cheveux bouclés d'Automne sont roux comme le feu, ceux d'Hiver blancs comme la neige.

    Automne enfile ses bottes, prend son parapluie. Elle quitte son nid, vêtue d'une légère chemise à carreaux.

    Hiver met son grand manteau, un bonnet blanc. Elle choisit les habits les plus chauds, parmi sa pile de vêtements.

    Automne sent bon le marron, les feuilles mortes et le champignon.

    Hiver ammène le froid, de son parfum chocolat, sapin et feu de bois.

    On préfère le petit écureuil qui se faufille dans les feuilles au gros ours en hibernation.

    Hiver est toujours seule, même le soir du réveillon. Tous la fuit, et ne sortent de leur maison.

    Automne est toujours accompagnée, c'est la plus belle des saisons.

    Tout le monde aime la chasse aux champignons et aux marrons, les beaux paysages qu'elle laisse lors de son sauvage passage.

    Mais Hiver, vient, chaque année, tout gâcher.

    De son soupire attristé, Hiver prend place.

    Elle recouvre alors le décor orangé d'une épaisse couche de glace.


    L'Échelle.

    Comme tous les soirs, Lisa rentre assez tard.

    Sur la table, son goûter. La jeune fille sait d'avance que c'est sa mère qui lui a préparé.

    Son ventre produit d'énormes gargouillis, mais elle se prive malgré la faim. Elle jette les biscuits dans la poubelle du jardin.

    Ainsi, sa mère ne se doutera de rien.

    Elle gravit les escaliers, assez épuisée par cette journée intense. Elle se dirige vers cette pièce qu'elle a toujours détestée, la tête tournant dans tous les sens.

    Elle regarde sa maudite face dans la glace.

    Par la faute de ces remarques qui chantent dans sa tête comme un refrain, elle ne s'accepte plus telle qu'elle est. Elle se cache alors derrière une épaisse couche de fond de teint, tout en se lissant les cheveux bouclés.

    Tout ça ne la rend pas heureuse, mais elle s'y sent obligée.

    Le miroir n'est pas son pire cauchemar.

    Son estomac lui serre, elle pose les pieds sur la balance. Son poids a encore baissé, elle sourit l'air satisfait. Pourtant rien ne va, mais elle ne pense déjà plus aux conséquences.

    La jeune fille manque d'originalité, elle est dans cette optique de la quête du corps parfait.

    Lisa s'accroche à l'Échelle, en espérant y monter. Pour le faire elle n'a pas besoin d'être la plus belle,

    Un jour, trop légère, elle finira par tomber.

    Marguerite a vécu une belle vie, affirmait-il !

    Elle gambadait dans les champs, on la nourissait quand elle en avait envie. Elle vivait une vie tranquille, pouvait respirer l'air vif de la campagne et le doux soleil venait toujours carresser sa brune peau.

    Elle avait la vie facile, disait-il !

    Mais il ne parlait jamais des jours de pluie. Elle se sentait oppressée, là entassée avec les autres, comptant les moutons pour espérer s'endormir. Mais une odeur dégoûtante lui donnait chaque nuit l'envie de vomir.

    Aucune autre n'avait vécu une vie pareille, répétait-il. Elle a cette chance de ne pas être née en ville !

    Marguerite n'était rien, à l'Échelle des Humains. Mis à part un délice pour le repas de demain. Sa famille, ses amis la quittaient du jour au lendemain. Marguerite les observait partir au loin, tout en sachant que son tour viendrait. Après tout elle n'était qu'un bovin parmi la centaine d'autres qui existaient.

    Elle n'a jamais pu monter sur l'Échelle, car tel était son destin.

    Mathieu vit dans la rue, sans aucun logement.

    Plus personne ne l'accepte, pas même ses parents. Il a perdu la garde de ses deux enfants et n'ose pas aller les voir dans cet accoutrement. Il a été viré de son boulot récemment et demeure sans d'emploi, totalement dépourvu d'argent. Sa vie est devenu un combat incessant. Parfois, il repense à ce qu'il était avant. Beau, riche et élégant. Maintenant qu'il n'est qu'un grain de poussière, une misérable étoile dans l'univers, plus personne ne veut de lui, car on ne peut plus en tirer profit. C'est désormais un être insignifiant qui doit jouer au mendiant, sous le regard hautain des passants. Il ressent dans leurs regards leur jugement et cela ne fait qu'encore plus le blesser. Personne ne lui dépose de pièce, ne serait-ce que pour l'encourager.

    L'Échelle ne lui fait pas de cadeaux. Il essaie d'arrache-pied de remonter mais on lui retire sans cesse des barreaux.

    Louis repart pour une horrible journée.

    Tous les jours, prit de panique, son coeur s'emballe. Pour se calmer il se fait du mal.

    Le garçon n'aime plus l'école, le garçon préfère rester seul. Sur sa peau les coups physiques se collent, déposant des marques bleutées. Le brutal impact moral laisse le rouge couler.

    Louis revient tous les jours chez lui avec des bleus, mais ses parents ne semble pas s'inquiéter. Leur travail semble plus les préoccuper que de savoir leur fils en sécurité.

    Il a toujours manqué de confiance et a préféré garder ses maux sous silence.

    À ce jour merveilleux, encore il y repense.

    Après s'être décidé, il a enfin osé.

    Désormais tout va pour le mieux, sa vie recommence.

    Louis s'apprêtait à chuter de l'Échelle mais s'est finalement relevé, il continue encore aujourd'hui à y grimper.

    ???

    L'Échelle est dure et pleine de surprise.

    Même si elle vous paraît cruelle, ne lâchez surtout pas prise. Il y aura toujours dans cette Échelle quelqu'un en dessous de vous, dont la vie est pire, et lui donne envie de s'attacher la corde au cou.

    Au lieu de le rabaisser et l'humilier pour vous rassurez, ensemble avancez et remontez. Car quand le monde vous aura abandonné et que vous chuterez, c'est lui qui vous aidera à vous relever.

    Je suis un Zombie.

    Je suis un zombie, scotchée à mon téléphone. Une personne parmi tant d'autres, un insignifiant clone. J'écoute naïvement ce que la société m'ordonne, ses critères qu'elle me murmure dans ce microphone.

    Je vis une existence monotone manipulée par toute cette technologie. Une vie sans importance que je passe à écouter des abrutis. Mais je les imite, pour pouvoir rentrer dans cette société. Sans même m'en rendre compte, je m'abandonne, petit à petit.

    Je ne suis plus moi, je suis ce mort-vivant.

    Qui, au lieu de vivre le moment présent, le prend en photo. Se façonnant une vie de rêve, le poste sur les réseaux sociaux. Qui hurle pour une panne de courant tandis que d'autres espèrent seulement avoir de l'eau.

    Qui reste enfermé, toute la journée, à fixer cet écran. Ce si petit appareil qui me contrôle avec facilité et ce, à chaque instant. Je ne fais rien d'intéressant, je m'occupe seulement.

    J'attends un lendemain assoupissant qui se déroulera comme la veille, rien d'enrichissant.

    Et les journées s'écoulent lentement comme la sève, les jours sont tous pareils, ils sont ennuyants. Je ne m'en souviens jamais, ils ne sont pas dignes d'intérêt.

    J'aimerais vivre dans mes rêves, entrer dans ma bulle et m'envoler dans le ciel, faire une trêve avec moi-même, aussi brève soit-elle.

    Je voudrais changer, arrêter de bêler dans ce troupeau de montons, obéissant au berger sans se poser de questions.

    Je préférerais être ce loup solitaire, qui hurle sous la pleine lune étincelante. Ou bien dans sa meute, mais une meute solidaire. Pas celle qui se marche sur les pieds, au lieu de s'entraider, une grande famille bienveillante.

    Et je me plains, je jette ma haine, j'exprime ma peine en répétant le même refrain. J'ai faim, je pleure telle une madeleine, je me malmène en me rappelant de souvenirs lointains. Tous les matins, j'ai la migraine, je ne suis pas sereine mais poursuis tout de même mon ennuyeux destin.

    Je suis Humaine et comme tout le monde, j'attends ma fin.

    Elle souffle sur le Pissenlit.


    Elle souffle sur le pissenlit en rêvant d'une vie meilleure.
    Fredonne son élégie pour exprimer tous ses malheurs.
    C'est une gentille fille aussi délicate qu'une fleur,
    A qui on a injustement arraché le cœur.
    Trahie des millions de fois, elle a perdu toute confiance
    Ses yeux sont noirs, submergés par une mortelle désespérance.
    Dans son éternel cauchemar, elle danse avec accablement
    Ses mouvements dans le brouillard sont comme vivants
    Ils décrivent aisément toute sa souffrance.
    Sa vie rime avec mélancolie, elle ne sort même plus dehors.
    Elle souffle sur le pissenlit, tentant d'oublier tous ses remords.
    Elle ne croit plus au paradis, seulement en la mort
    Et chaque souffle d'agonie la lui en rapproche plus encore.
    C'est un corps inanimé envoûté par un chagrin profond,
    Qui tente de s'accrocher malgré la désolation.
    Le cœur pris d'une soudaine nostalgie,
    Elle prend une grande inspiration
    Et souffle une dernière fois

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